Un nouveau stent biodégradable
Un nouveau type de stent entièrement biodégradable a été mis au point en France. Si les évaluations à plus grande échelle se confirment d'ici quelques mois, cela devrait permettre d'éviter certaines complications tout en réduisant la quantité de médicaments prescrits aux patients.
La vraie nouveauté de ce dispositif, c'est qu'il se dégrade au bout de trois mois et disparaît complètement de l’organisme après un an et demi. C'est beaucoup plus rapide que les autres stents biodégradables, qui ne débutent ce processus de dégradation qu’après deux ans, et sont totalement éliminés en quatre ans.
Sur le principe, ces stents fonctionnent de la même façon que les autres : un petit ressort est introduit dans une artère bouchée, dans le but de l'élargir et de permettre le passage du sang vers le cœur.
Depuis 25 ans, cette intervention, l'angioplastie, est devenue courante dans la prise en charge des infarctus et des sténoses des artères coronaires.
Ce nouveau stent a été mis au point par le Pr. Antoine Laffont, cardiologue à l'hôpital européen Georges-Pompidou, en collaboration avec un spécialiste des polymères, le Pr. Michel Vert, chismiste au CNRS. Ils sont parvenus à concevoir un dispositif en polymère auto résorbable qui se disloque automatiquement après trois mois passés dans l'organisme, un peu à la manière d'un puzzle qui se défait, et finit par être totalement éliminé. "Il doit s’en aller parce qu’il ne sert plus à rien, comme des points de sutures ou un plâtre", explique le Pr. Lafont.
L'intérêt n’est pas seulement psychologique, les patients appréciant particulièrement l'idée que leur artère se remette à fonctionner naturellement et sans aide mécanique. Ce système a aussi pour but de réduire les traitements médicamenteux donnés en appoint aux malades opérés, qui ont pour effet secondaire d'augmenter le risque d'hémorragies. Et surtout, il devrait diminuer les complications principales de la pose de stent : la resténose des artères, c’est-à-dire la réapparition du rétrécissement de l’artère traitée, en raison d’une "sur cicatrisation". Mais aussi la thrombose tardive, qui peut être fatale.
Les deux premiers patients ont été opérés il y a quelques jours à Toulouse et à l'hôpital européen Georges-Pompidou, et une trentaine d'autres devraient l'être dans les prochains mois, dans cinq centres de cardiologie en France. On attend les premières évaluations d'ici six mois, pour confirmer l'efficacité du dispositif sur les patients.
Pour le Pr. Lafont, qui a travaillé sur ce projet pendant ces vingt dernières années, d'abord comme objet de sa thèse de médecine puis plus concrètement au sein de la start-up Arterial Remodeling Technologies (ART) créée avec le chimiste Michel Vert : "C'est une approche écologique : pas de médicaments, et au bout de 18 mois tout a disparu, la dissolution complète, le retour à la nature".
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