Vendée : les enseignants devront-ils jouer le rôle des médecins scolaires ?
Dans une circulaire du 20 septembre 2011, l’inspecteur d’académie de la Vendée a demandé aux enseignants de grande section de maternelle de repérer les difficultés d’apprentissage des enfants dans leur sixième année. Une mesure pour pallier la pénurie de médecins scolaires dans ce département.
La Vendée, déjà confrontée au manque de médecins généralistes, tire la sonnette d'alarme sur la pénurie de médecins scolaires. Conséquence : la visite médicale, généralement effectuée en fin de grande section ou en début de CP, ne pourra plus être assurée pour tous les élèves de 6 ans, peut-on lire dans la circulaire de l'Inspection académique.
Un repérage précoce
Ce sont désormais les enseignants qui devront effectuer un "repérage précoce des difficultés d'apprentissage", stipule le document. Les enfants désignés feront ensuite l'objet d'une visite médicale tandis que ceux qui n'en ont pas bénéficié rencontreront l'infirmière scolaire en CP pour un bilan sensoriel.
Cette visite consiste en un contrôle de la vue, de l'audition, du poids, de la taille et enfin du carnet de vaccination. Si un problème est détecté, l'enfant devrait pouvoir être vu par le médecin.
Cette détection précoce a pour objectif "de contrecarrer l'absence de médecins dans le département, cela part d'un bon sentiment", explique-t-on au ministère de l'Education nationale.
Un avis partagé par le Dr Corinne Vaillant, médecin de l'Education nationale et secrétaire général du Syndicat national des médecins scolaires et universitaires (SNMSU). "Ce dispositif n'est selon moi pas isolé. Il a pour vocation d'apporter une solution à un problème. Plutôt qu'un enfant ne soit pas vu du tout, il est préférable que les enseignants, la famille, l'infirmière scolaire donnent l'alerte."
Ce médecin explique aussi que les difficultés de langage, d'apprentissage sont repérables, c'est même déjà le cas : "Quand nous, médecins scolaires, nous venons effectuer une visite, nous demandons déjà aux enseignants s'ils ont quelque chose à nous signaler."
"Inacceptable"
Les enseignants, eux, considèrent cette circulaire comme inacceptable. Dans son communiqué de presse, le SNUipp-FSU Vendée dénonce un texte "contraire au code de l'éducation dans lequel est écrit qu'un bilan de leur état de santé physique et psychologique est réalisé par le médecin de l'Education nationale (article L541-1)." Le syndicat estime aussi que "les enseignants ne sont pas des médecins" et ne "sont pas responsables des postes de médecins non pourvus".
L'Inspection académique fait machine arrière
Face à ces réactions, nous avons joint par téléphone l'inspecteur d'académie de Vendée, qui a fait machine arrière : "Il ne s'agit pas de répondre à une pénurie de médecins, mais de réorganiser leur travail pour ne pas tout concentrer sur une seule année (la sixième année)".
L'inspecteur explique que "dès l'âge de 5 ans, les enseignants qui voient les enfants au quotidien, qui voient leur famille peuvent détecter des troubles, visuels par exemple". Ils pourront ainsi alerter les médecins qui pourront agir en priorité auprès des enfants qui en ont besoin dès l'année de grande section. Il ajoute : "loin de nous l'idée de demander aux enseignants d'être médecin".
Pour modifier ce texte qu'il explique avoir signé sans bien le lire et apaiser les esprits, l'inspecteur d'académie devrait apporter un rectificatif d'ici à la fin de semaine et parler de ce malentendu avec tous les partenaires.
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