Vingt décès par an à cause des pilules
L'Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm) vient de publier son évaluation des conséquences de la prise quotidienne d'une pilule, qu'elle soit de première, deuxième ou troisième génération : 20 femmes décédées et 2.529 victimes d'accidents vasculaires chaque année, entre 2000 et 2011.
En 2011, 4.274.000 femmes ont pris chaque jour une pilule contraceptive et une fois sur deux, il s'agissait d'une pilule de 3e ou 4e génération. C'était avant la crise générée par la première plainte déposée en décembre 2012 par Marion Larat, victime d'un accident vasculaire cérébral.
Des chiffres alarmants
Trois mois plus tard, l'Ansm publie son "estimation du nombre de cas d'accidents thromboemboliques oraux attribuables aux contraceptifs oraux combinés (COC) en France entre 2000 et 2011". Et le bilan de ces "contraceptifs oraux combinés", les pilules, est lourd. Vingt décès annuels et 2.529 accidents vasculaires provoqués par la formation d'un caillot sanguin... Sept fois sur dix, la responsabilité en revient aux pilules de 3e ou 4e génération.
L'Ansm conclut ainsi que les femmes sous pilule de 1ère ou 2e génération (contenant de la noréthistérone et du lévonorgestrel) "ont un risque d'accident thromboembolique veineux multiplié par deux par rapport aux femmes non utilisatrices de COC (pilule ndlr)", tandis que ce risque est multiplié par quatre dans le cas des 3e et 4e générations.
Des données, précise l'estimation, "conformes aux données des RCP", c'est-à-dire aux "résumés des caractéristiques du produit" établis par les laboratoires dans le cadre de l'autorisation de mise sur le marché. Autrement dit, des données potentiellement connues de tous...
Que s'est-il donc passé ?
"Parce qu'il reste exceptionnel, ce risque semble sous-estimé par les professionnels de santé et est longtemps resté méconnu des femmes utilisatrices d'un contraceptif oral combiné", relate sobrement l'Agence... Elle invite donc à "l'utilisation de moyens alternatifs de contraception, la réduction de l'exposition aux contraceptifs oraux combinés de 3e ou 4e génération qui ne devraient pas être utilisés en première intention, la prise en compte des facteurs de risque avant toute prescription, la sensibilisation des femmes et des professionnels de santé au risque et aux signes qui doivent alerter et amener à consulter pour une prise en charge précoce en cas d'accidents thromboembolique veineux. (…) Autant de mesures qui pourraient permettre de réduire le nombre de cas d'accidents thromboembolique veineux et de décès qui peuvent en découler."
Une évolution en partie engagée depuis plusieurs mois avec la crise de confiance générée suite aux révélations provoquées par la plainte de la jeune Marion Larat. Le recours aux pilules de 3e et 4e générations a en effet baissé de 34% entre février 2012 et février 2013 au bénéfice des plus anciennes d'une part, qui ont augmenté de 26,5%, et d'autres moyens contraceptifs comme les implants et les stérilets.
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