Adénome : comment se passe une embolisation de la prostate ?
L'adénome de la prostate entraîne des problèmes urinaires et des troubles de l’érection. Longtemps, la chirurgie a été le seul traitement possible. Mais une embolisation peut aujourd'hui être proposée. Reportage.
C'est une intervention réalisée sous anesthésie locale, pendant laquelle le patient restera éveillé. Pour cet homme, l'embolisation de la prostate est aujourd'hui nécessaire : devenue trop grande à cause d'un adénome, elle bloque le passage de l'urine, ce qui l'a conduit aux urgences.
Boucher les artères de la prostate
"La technique utilisée est d'aller boucher les artères de la prostate en y injectant des produits qui vont réduire la taille de la prostate et la rendre plus souple. Les patients retrouvent ensuite une meilleure qualité de vie urinaire", décrit le Pr Marc Sapoval, chef de service de radiologie interventionnelle à l'hôpital Européen Georges Pompidou (Paris).
Tout repose sur la visualisation parfaite des artères de la prostate. Avec un scanner en trois dimensions et une angiographie, c’est-à-dire une radio des artères dans lesquelles est injecté un produit de contraste.
Injecter des billes microscopiques
Il faut ensuite guider un tuyau très fin qui passe par une petite incision dans une artère au niveau de l’aine, puis le positionner à l’endroit où l’artère va être bouchée, embolisée en terme médical.
"Pour emboliser on utilise des billes qui font entre 300 et 500 microns, c’est un demi-millimètre en gros. Ces microbilles vont aller bloquer les artères de la prostate", précise le Pr Marc Sapoval.
La même procédure est ensuite réalisée sur la deuxième artère de la prostate. Le patient devra juste rester sous surveillance 3 heures avant de rentrer chez lui.
De meilleurs résultats que les médicaments
Cette équipe, pionnière en France dans ce traitement de l’adénome de la prostate, vient d’apporter une nouvelle preuve de son intérêt grâce à un essai clinique réalisé avec 10 autres centres experts.
"On a pris environ 100 patients qui venaient pour ce problème d'adénome. On leur proposait deux options : l'embolisation ou le traitement médical augmenté. Ce qu’on a montré, c'est que l'embolisation avait un meilleur résultat que le traitement médical renforcé", confie le Pr Marc Sapoval.
Pour Jean-Christophe, les médicaments n’ont jamais amélioré ses problèmes urinaires. Mais la première solution présentée par son urologue était la chirurgie classique, qu’il pouvait lui-même réaliser.
Moins d'effets secondaires que la chirurgie
"Il ne parlait que de la méthode traditionnelle, mais le résultat, c'est que l'éjaculation ne se ferait plus comme elle se faisait avant, le sperme reste à l'intérieur. C'était donc un problème qui me perturbait", confie Jean-Christophe. Un trouble que les médecins appellent l'éjaculation rétrograde.
Devant les craintes de Jean-Christophe, son urologue l’a finalement orienté vers ce service. Car l’embolisation n’entraîne pas cet effet secondaire systématique de la chirurgie. Ce passage de relais devrait devenir un réflexe pour ce spécialiste.
"Lorsqu'on propose l’embolisation, le regard s'allume. Il y a une lueur dans le regard, on peut peut-être éviter de m'opérer. Il ne faut surtout pas hésiter à confier le patient au radiologue interventionnel. Il faut vraiment utiliser cette arme dans tout l'arsenal qu'on a", conclut le Pr François Desgrandchamps, chef de service d’urologie à l'hôpital Saint-Louis, à Paris.
L'embolisation de la prostate pour traiter un adénome est accessible dans 80 centres experts en France.