Comment faire accepter une alimentation équilibrée à vos enfants ?
Aliments séparés ou mélangés dans l'assiette? Faut-il forcer les enfants à tout goûter, à terminer leur assiette ? Les conseils de deux spécialistes.
"Faire en sorte que les enfant aiment la nourriture qu'on leur sert peut être un vrai défi pour de nombreux parents" affirme la Pr Annemarie Olsen, du département de science alimentaire de l’Université de Copenhague. Afin d'aider ces parents en difficulté, la chercheuse a essayé de comprendre les raisons du désamour des enfants pour certains aliments. Pour ce faire, elle a étudié les préférences d’une centaine d’élèves danois. Ses résultats ont été publiés dans la revue Journal of Sensory Studies le 3 septembre.
Des préférences pour des aliments séparés les uns des autres
Le Pr Olsen a séparé les enfants en quatre groupes : celui des filles âgées de 7 à 9 ans, celui des garçons âgés de 7 à 9 ans, celui des filles âgées de 12 à 14 ans, et celui des garçon âgés de 12 à 14 ans. Elle leur a soumis plusieurs photos de plats, servis de trois façons différentes :
- de manière à ce que les différents aliments ne se touchent pas
- de manière à ce que certains aliments soient mélangés et d’autres non
- de manière à ce que tous les éléments soient mélangés
Chaque enfant devait ensuite classer les plats en fonction de ses préférences. Résultat : beaucoup d’entre eux, notamment les plus jeunes, ont préféré les assiettes avec des aliments bien séparés. Pour l’heure, Annemarie Olsen n’a pas d’explication claire quant à ces choix. Pour elle néanmoins, cette volonté de séparer ses aliments vient peut-être d’un désir de ne pas "contaminer" les choses jugées appétissantes avec des légumes.
Faire du repas un moment convivial
Pour le Dr Gisèle George, pédopsychiatre et spécialiste des thérapies comportementales et cognitives, cette aversion pour les légumes vient avant tout de l’éducation. De fait, forcer un enfant à manger des brocolis ne lui donnera pas envie d’en consommer, mais c’est pourtant ce qui se passe très souvent, à la maison et dans les cantines. De même, "lui dire qu’il sera privé de dessert s’il ne mange pas son plat lui donne plus d’appétence pour le dessert. Tout est dans l’interaction qu’on a avec l’enfant", explique le Dr George.
Mais cette contextualisation est absente de l’étude du Pr Olsen. Pour la pédopsychiatre, elle est pourtant essentielle. "Si l’on rend le repas plus convivial et moins stressant, l’enfant aura davantage envie de manger des fruits et légumes", note-t-elle. A l’inverse, si celui-ci pense que manger est une corvée, cela peut créer une situation de conflit. Et c’est de ces conflits que naissent les troubles du comportement alimentaire. "Aujourd’hui, on les voit apparaître de plus en plus tôt. Il y a une trentaine d’années pourtant, c’était rarissime de voir des anorexiques de moins de 17 ans, mais plus maintenant", alerte la pédopsychiatre. Pour ne pas tomber dans cette spirale infernale, le Dr George le répète : il faut faire du repas un moment de détente et de partage.
"Alimentation : comment faire aimer les légumes aux enfants ?" Sujet diffusé le 23 avril 2012.