Acupuncture, hypnose, qi gong... quels bienfaits en cancérologie ?

Près de 70% des malades du cancer auraient recours aux médecines complémentaires. Des pratiques qui aident à supporter les effets secondaires des traitements et l'anxiété, et ainsi participer à la guérison. Mais faut-il se méfier de certaines disciplines ? Dans quelle mesure et à quel stade peuvent-elles aider ?

La rédaction d'Allo Docteurs
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Rédigé le , mis à jour le
Quels sont les effets de l'acupuncture sur l'organisme ?
Quels sont les effets de l'acupuncture sur l'organisme ?

Les bienfaits de l'acupuncture

De plus en plus de patients qui souffrent d'un cancer vont trouver du réconfort dans la médecine chinoise, et notamment l'acupuncture.

L'acupuncture aiderait à prévenir les récidives. Mais est-ce scientifiquement prouvé ? Comment peut-on, avec de simples aiguilles, avoir une influence sur la maladie ?

Les bienfaits de l'hypnothérapie

Comment se déroule une séance d'hypnose ?
Comment se déroule une séance d'hypnose ?

Les bienfaits de l'hypnose sont de plus en plus reconnus pour aider les malades du cancer. Aujourd'hui, certaines séances d'hypnothérapie sont même en partie remboursées par la Sécurité sociale.

L'hypnose est une technique qui consiste à mettre l'individu dans un état de conscience singulier, entre sommeil et éveil. Il s'ensuit un état de relaxation profonde, susceptible de soulager les patients.

"L'hypnose accompagne les différents moments, les différents temps de la maladie, que ce soit l'acceptation du diagnostic, la capacité à combattre la maladie, l'anxiété du monde médical, de la blouse blanche… mais aussi la renaissance et la reconstruction", explique le Dr Philippe Bordon, médecin généraliste et hypnothérapeute.

Les bienfaits du qi gong en cancérologie

Cours de Qi-gong à l'hôpital européen Georges Pompidou
Cours de Qi-gong à l'hôpital européen Georges Pompidou

Le qi-gong est une gymnastique thérapeutique qui fait partie intégrante de la médecine chinoise au même titre que l'acupuncture, le massage ou la diététique… Le qi-gong a également fait son entrée à l'hôpital il y a quelques années.

"Qi" veut dire "énergie, souffle", et "gong" désigne le mouvement, le travail, l'effort. Le qi-gong a donc pour objectif de favoriser la circulation de l'énergie dans le corps grâce à des mouvements doux. Il complète la prise en charge des patients en les aidant à mieux supporter leurs traitements de chimiothérapie et de radiothérapie.

Les patients atteints de cancer suivent régulièrement des séances de qi-gong en complément de leurs traitements. Le moniteur est un infirmier spécialement formé à cette discipline. "Le principe du qi-gong est de stimuler, de tonifier l'organisme, d'acquérir une meilleure perception de son corps et de travailler la souplesse, de renforcer les articulations et de stimuler l'énergie. Le qi gong permet enfin d'harmoniser le corps et l'esprit", explique François Lerou, infirmier et moniteur de qi gong.

Le qi gong associe des visualisations mentales à un travail sur la respiration et permet à la manière de la méditation de se concentrer sur l'instant présent. Les patients peuvent ainsi reproduire chez eux des postures de qi gong pour atténuer leur anxiété et mieux supporter leurs traitements. Les patients font d'ailleurs régulièrement le point en consultation avec leur oncologue sur la façon dont le qi gong complète leur prise en charge.

Le qi gong est une gymnastique thérapeutique sérieusement évaluée par l'autorité hospitalière au travers d'un questionnaire distribué aux pratiquants. On jauge leur bien-être physique, fonctionnel et émotionnel avec des questions par exemple sur la perception des douleurs, de la fatigue et du stress au fil des séances.

Difficile pour l'instant d'objectiver précisément et à grande échelle les résultats. Un projet de recherches comparant différents groupes de patients pourrait être mis en place pour mesurer les bienfaits du qi gong en complément des traitements anti-cancer.

Qu'en pensent les spécialistes ?

Sophrologie, acupuncture, hypnose, homéopathie... Les patients atteints d'un cancer sont aujourd'hui de plus en plus nombreux à recourir aux médecines complémentaires pour accompagner leur traitement du cancer. Le professeur Simon Schraub, cancérologue, nous donne son sentiment sur cette tendance. Des propos recueillis par Emmanuel Bonzé.

  • Le recours aux médecines complémentaires n'est plus une démarche marginale…

Pr. Simon Schraub : "En effet c'est aujourd'hui une pratique très répandue. Dans une enquête menée entre 2005 et 2008 auprès de 244 patients, on a fait apparaître que près de 30 % des malades traités en ambulatoire par chimiothérapie utilisaient au moins une forme de traitement complémentaire ou alternatif. Et cette tendance, on la retrouve dans toutes les études, avec des chiffres qui grimpent parfois à 40%, voire 50%."

  • Quelles sont parmi ces médecines non conventionnelles, celles qui rencontrent le plus de succès ?

Pr. Simon Schraub : "Dans notre cas, à Strasbourg, l'homéopathie représente les deux tiers. Derrière arrivent les régimes alimentaires, puis la phytothérapie, les injections de gui, et l'acupuncture."

  • Qu'en attendent vraiment les patients ?

Pr. Simon Schraub : "La plupart des patients espèrent renforcer les défenses de l'organisme. Mais près d'un sur trois pense pouvoir traiter le cancer lui-même avec ces médecines. Pourtant rien dans ce sens n'a été prouvé à ce jour."

  • Est-ce à dire qu'ils n'ont pas confiance dans les traitements habituels ?

Pr. Simon Schraub : "Ils veulent se sentir actifs et non passifs face à la maladie. Ne pas faire que subir, aussi bien les symptômes que les effets secondaires liés aux traitements. C'est une des raisons pour lesquelles ils se dirigent vers ces pratiques."

  • Que valent vraiment ces médecines complémentaires ?

Pr. Simon Schraub : "Pour beaucoup d'entre elles, nous sommes tentés de croire qu'il y a un fort effet placebo. Il n'y a pas de preuves de l'efficacité d'une médecine complémentaire d'un point de vue objectif. Cela ne veut pas dire qu'il faut les dénigrer. Près de 50% des personnes sondées leur reconnaissent une efficacité subjective, et constatent une amélioration de l'état général et une diminution des symptômes. Placebo ou pas, il existe une satisfaction des malades."

  • Vous évoquez un effet placebo. Est-ce l'unique facteur de satisfaction ?

Pr. Simon Schraub : "Il reste beaucoup de choses à prouver. Mais peut-être existe-t-il des effets qu'on n'a pas encore prouvés et qui le seront bientôt. La recherche en matière de subjectivité ou d'objectivité de l'efficacité nécessitera des méthodologies très pointues." Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, la majorité des prescripteurs sont des médecins, là où il y a quelques années, c'était l'affaire de naturopathes non médecins ou de rebouteux."

  • Du coup, selon quels critères les patients peuvent-ils faire confiance à quelqu'un qui les oriente vers une médecine complémentaire ?

Pr. Simon Schraub : "Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, la majorité des prescripteurs sont des médecins, là où il y a quelques années, c'était l'affaire de naturopathes non médecins ou de rebouteux. Concrètement, on reconnaît un charlatan à ce qu'il propose un traitement guérissant le cancer et de plus, à un prix très élevé. Son but est de gagner de l'argent sur le désespoir et la crédulité des malades ou des familles qui ne veulent avoir ni remord, ni regret."

  • Y a-t-il aujourd'hui des médecines complémentaires validées ?

Pr. Simon Schraub : "L'acupuncture a été validée dans la prévention des nausées et vomissements induits par la chimiothérapie. Les méthodes de sophrologie et relaxation ont fait l'objet d'études montrant un certain bénéfice subjectif mais on ne peut pas affirmer que l'amélioration soit due à la technique elle-même, davantage qu'au fait qu'on se soit occupé du malade. Il y a quelques années, une étude avait même montré qu'une psychothérapie augmentait la survie d'un groupe de patientes atteintes d'un cancer du sein avancé. Malheureusement cette étude n'a pas été confirmée."

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    "La Delta-médecine : de nouvelles réponses pratiques face au cancer"
    Yann Rougier
    Ed. Albin-Michel, février 2010