Agir sur le système immunitaire pour améliorer l'efficacité d'une chimio
Deux médicaments, couramment utilisés dans le traitement par chimiothérapie de plusieurs cancers digestifs et mammaires, auraient une efficacité limitée à cause des cytokines, des molécules présentes dans notre système immunitaire. Les auteurs de cette étude de l'Inserm, publiée cette semaine dans la revue Nature Medicine, recherchent désormais un moyen de bloquer ces molécules responsables de l'activation délétère du système immunitaire pour augmenter l'efficacité des chimiothérapies.
On connaissait déjà les effets toxiques directs des chimiothérapies... Une étude de l'Inserm vient de révéler leurs effets délétères bloquant la régression de la tumeur à cause de leur action sur le système immunitaire. En cause, deux médicaments fréquemment utilisés dans les traitements par chimiothérapie des cancers digestifs, du poumon, de l'ovaire et du sein : le 5-fluorouracile et la gemcitabine.
Ces deux molécules "peuvent favoriser le développement de tumeurs chez la souris en modulant la réponse immunitaire antitumorale", selon l'équipe Inserm dirigée par François Ghiringhelli travaillant au Centre de lutte contre le cancer Georges François Leclerc à Dijon.
"On a étudié les effets de deux agents chimio-thérapeutiques sur les cellules immunitaires, et on s'est aperçu qu'ils étaient capables de tuer certaines cellules du système immunitaire et qu'ils induisaient dans le même temps une inflammation favorisant la croissance tumorale", précise le Pr François Ghiringhelli.
Suppression des défenses immunitaires
"Ces travaux pourraient expliquer pourquoi les chimiothérapies ne sont pas des remèdes magiques, elles ont des effets positifs mais ont aussi des effets délétères", souligne le chercheur.
Différents types d'effets secondaires des chimiothérapies avaient déjà été analysés dans des précédentes études allant d'un renforcement du système immunitaire à une suppression de toutes les défenses immunitaires. "A chaque type de chimiothérapie correspond un type de réponse immunitaire, explique l'auteur de l'étude, il faut bien comprendre cela pour pouvoir adapter le traitement au mieux".
Dans un essai préclinique chez la souris, les chercheurs ont testé un inhibiteur qui a permis de renforcer l'efficacité de la chimiothérapie. Ils ont découvert que des médicaments anti-inflammatoires destinés à traiter une polyarthrite rhumatoïde permettaient de contrecarrer l'impact des deux molécules en cause sur le système immunitaire.
"Ces travaux montrent qu'il faut associer des traitements ciblés à la chimiothérapie pour les rendre plus efficaces, et certainement pas remettre en cause les chimiothérapies", insiste le Pr Ghiringhelli.
L'essai thérapeutique sur l'homme va débuter dans le courant de l'année 2013 sous la direction de l'unité Inserm 866 "Lipides nutrition et cancer" de l'Inserm à Dijon.
Etude de référence : "Chemotherapy-triggered cathepsin B release in myeloid-derived suppressor cells activates the Nlrp3 inflammasome and promotes tumor growth", Nature Medicine, Dec 2012, http://dx.doi.org/10.1038/nm.2999
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