Cancer du sein : un test sanguin pour veiller aux récidives
Une étude américaine confirme que la présence de cellules tumorales circulantes dans le sang chez les patientes traitées pour des cancers localisés (sans métastases) est liée à un risque de récidive. Une équipe texane de chercheurs a trouvé le moyen de lire l'avenir dans ces cellules, grâce à un test sanguin.
Quand un cancer du sein est diagnostiqué tôt, il est impossible de prédire quelle évolution il aura, s'il se métastasera, où même si la patiente court le risque de développer des récidives.
Les chercheurs du MD Anderson Cancer Center de l'université du Texas qui ont procédé à l'étude confirment qu'il existe un moyen d'en savoir plus, voire de lire l'avenir dans les cellules tumorales circulantes (CTC). Et cela avec une simple prise de sang qui permet de vérifier la présence ou non de ces cellules.
Les cellules tumorales circulantes, ou CTC, sont des cellules qui se détachent d'une tumeur et passent dans le sang. Ces cellules peuvent migrer vers d'autres organes et entraîner le développement de nouvelles tumeurs. Leur concentration dans le sang permettrait de prédire les récidives précoces et de mesurer les chances de survie. Car l'étude a permis d'observer que pour chaque patiente qui a fait une récidive, on trouvait des CTC dans le sang.
"Nous avions déjà mené une étude du même type en 2008, avec la même technique de mesure du taux de CTC, explique le Pr. Jean-Yves Pierga, oncologue et directeur de recherche à l'Institut Curie, mais sur un effectif plus restreint et sur des femmes qui avait déjà été traitées. Cela confirme son efficacité : on peut prédire l'évolution des tumeurs à moyen et long terme, on pourra aussi s'en servir pour mieux cibler les traitements préventifs et vérifier leur efficacité".
Un fort taux de CTC prédispose aux rechutes
Dans le cas de cette étude, les chercheurs ont effectué des tests sur 302 patientes entre février 2005 et décembre 2010, atteintes d'un cancer du sein encore au stade localisé, c'est-à-dire sans métastases.
Pour un quart des patientes, les prélèvements sanguins ont montré la présence de CTC. Dans cette catégorie, une patiente sur sept a rechuté après traitement et une sur dix est morte pendant l'essai.
En revanche, les patientes dont les tests sanguins n'ont révélé aucune CTC ont eu un taux de rechute de seulement 3 % et un taux de mortalité de 2 %. "Pour les patientes avec les concentrations les plus élevées de CTC, la corrélation (...) était encore plus évidente, avec 31 % de patientes décédées ou en récidive", selon les résultats publiés dans la revue The Lancet Oncology.
Cette nouvelle étude permet de démontrer que "la maladie n'a pas besoin d'être à un stade avancé pour que les cellules cancéreuses se propagent (par le sang) et compromettent les chances de survie". D'autres chercheurs appellent cependant à la prudence et à la réalisation d'études cliniques plus vastes.
D'après le Pr Pierga, "cette technique nous permet d'émettre des pronostics fiables pour d'autres types de cancers, comme les cancers de la prostate, les cancers du côlon, des poumons".
"C'est un travail formidable et très bien mené. Mais nous ne savons pas quoi faire après cette étude, c'est-à-dire quel nouveau protocole adopter pour les patientes", a expliqué à l'AFP Stebbing Justin, de l'Imperial College de Londres. Car très concrètement, il faut à présent trouver les prises en charges thérapeutiques adaptées aux évolutions des tumeurs. Mais ce n’est pas forcément le taux de CTC dans le sang qui le dévoilera .
Sources :
- "Circulating tumour cells as biomarkers in early breast cancer", The Lancet Oncology, 6 June 2012, doi:10.1016/S1470-2045(12)70245-0
- "Circulating tumour cells in non-metastatic breast cancer: a prospective study", The Lancet Oncology, doi:10.1016/S1470-2045(12)70209-7
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