Ces pays où l'on ne mange ni sainement, ni à sa faim
La confédération d’ONG Oxfam publie ce 15 janvier 2014 un classement de la situation alimentaire mondiale, destinée à mettre en lumière les difficultés rencontrées par certaines populations pour accéder à une alimentation saine et suffisante. Sur 125 pays étudiés par Oxfam, la France est le deuxième pays où la population mange ''le mieux au monde'', juste derrière les Pays-Bas et devant la Suisse.
Une alimentation suffisante, accessible et de qualité
Afin de dresser ce bilan (carte interactive), la confédération d'ONG a pris en compte huit indicateurs, évalués dans le cadre de récentes enquêtes mondiales (voir encadré).
Le taux de sous-alimentation, de même que l'insuffisance pondérale (faible poids) des enfants, a ainsi permis de quantifier si l'alimentation est suffisante dans chaque pays considéré.
Oxfam a également cherché à mesurer si les populations avaient les moyens de s'acheter à manger (volatilité des prix alimentaires, niveau des prix alimentaires par rapport aux autres biens et services). La qualité de la nourriture a également été prise en compte, au travers d’indices de diversité alimentaire et du taux d'accès à l'eau potable.
Enfin, les taux de diabète et d'obésité ont été employés pour mesurer les conséquences d'une mauvaise hygiène alimentaire sur la santé.
"Considérés globalement, ces scores dressent un tableau plus complet de la qualité de l’alimentation à travers le monde", souligne les auteurs du rapport.
Pour chaque indicateur, les 125 pays ont reçu une note allant de 0 (le meilleur résultat) à 100. Le score (somme des huit notes) a été rapporté à 100 points, une valeur faible traduisant une situation alimentaire enviable.
L'Europe en tête du classement
Les Pays-Bas arrivent en tête du classement, avec un score de six points, suivis de près par la France et la Suisse avec huit points, précèdant l’Autriche, la Belgique, le Danemark et la Suède (10 points) puis l'Australie, l'Irlande, l'Italie, le Luxembourg et le Portugal (11 points).
Les Pays-Bas doivent leur première place à leurs prix alimentaires et à un taux de diabète relativement plus faibles, ainsi qu'à une plus grande diversité alimentaire, que leurs voisins européens. Les douze premiers pays du classement sont ceux qui connaissent les taux de malnutrition et de sous-alimentation les plus bas et dont le niveau d'accès à une eau potable est élevé.
Cependant, ces nations obtiennent un mauvais score pour la mesure de l’obésité.
Le Tchad, dernier du classement
À l’autre extrémité du classement, le Tchad affiche les plus mauvais résultats, avec un score global de 50, suivi de près par l’Éthiopie et l’Angola avec 49 points. Le score du Tchad concernant le prix des aliments compte parmi les plus mauvais (94 points), ce prix étant plus élevé encore dans seulement deux pays, à savoir la Guinée (100 points) et le Gambie (97 points).
Le Tchad est également le quatrième pays le moins bien noté sur le plan de la qualité des aliments consommés (72 points), au même rang que le Togo. Les Tchadiennes et les Tchadiens ont accès à des aliments coûteux et de faible valeur nutritionnelle et un accès limité à de bonnes conditions sanitaires. Parallèlement, un enfant tchadien sur trois souffre d’insuffisance pondérale.
Parmi les 10 pays qui se trouvent en bas du tableau, neuf sont des pays subsahariens, le dixième étant le Yémen. Ces pays obtiennent de mauvais scores pour l’indicateur du niveau des prix alimentaires, la nourriture y étant beaucoup plus coûteuse que les autres biens et services en comparaison aux autres pays du classement.
"En dépit des formidables avancées technologiques qui caractérisent le monde d’aujourd’hui, nous ne parvenons toujours pas à apporter à chacun les denrées alimentaires de base nécessaires pour survivre et manger sainement. Cet indice montre que ce phénomène sévit avant tout dans les pays les plus pauvres, mais pas uniquement."
Des pays développés mal notés
"Peu de pays méritent d’être érigés en exemples", soulignent les auteurs de l’évaluation, observant que "le taux d’obésité, le niveau des prix alimentaires et le niveau des valeurs nutritives faisant plonger le score de nombreuses nations riches, dans lesquelles ce sont les populations pauvres qui souffrent le plus de ces facteurs."
"Des pays qui auraient pu se trouver en haut du classement, car leur population mange généralement à sa faim, se retrouvent en fait quelques places plus bas sous l’effet d’autres facteurs tels que le taux de diabète ou d’obésité, [ou le coût des aliments]. En conséquence, ni les États-Unis ni le Royaume-Uni ne se retrouvent parmi les 12 premiers du classement (10 % des pays)."
Face à ce constat, Oxfam appelle "à agir à l’échelle mondiale pour réparer notre système alimentaire défaillant" afin que les populations "soient plus à-même de satisfaire leurs besoins alimentaires".
Le classement complet est consultable sur le site français de l'Oxfam, ainsi qu'une carte interactive.