En cas de défaite, les supporters gagnent… du poids !
Après une défaite, les supporters de l'équipe perdante consomment plus de calories et de graisses saturées. Et finalement, ce sont eux qui gagnent du poids sur la balance. Une étude étonnante que viennent de publier des chercheurs français dans la revue Psychological Science.
Le coup de sifflet final vient de retentir, et votre équipe a concédé une défaite aussi cruelle qu'inattendue. Si vous êtes un supporter normalement constitué, l'après-match pourrait bien se dérouler en cuisine, en quête d'aliments très riches, comme des pizzas, des hamburgers ou des glaces, histoire de noyer votre chagrin sous un déluge de calories.
C'est en tout cas la théorie avancée par une équipe de chercheurs en marketing de l'Insead, une école de management à Paris. Selon eux, le lendemain d'un match de football important, les supporters de l'équipe perdante mangent plus (+10% de calories) et plus gras (+16% de graisses saturées) par rapport à leur consommation normale. De leur côté, les supporters de l'équipe victorieuse mangent moins (-5% de calories) et moins gras (-9% de graisses saturées).
Défaite personnelle et crise identitaire
Pour expliquer cette différence, les chercheurs avancent des raisons psychologiques. Ils estiment que lorsqu'une équipe perd, ses supporters le ressentent comme une défaite personnelle. Une sorte de crise identitaire que viendrait compenser la consommation d'aliments plaisir (gras ou sucrés). A l'inverse, la victoire de son équipe renforcerait l’ego et aiderait ainsi à résister à la tentation alimentaire.
"Les supporters mangent moins et mieux quand leur équipe gagne et mangent plus et plus mal quand leur équipe perd, surtout si la défaite est inattendue, serrée, ou contre une équipe de niveau égal",explique Pierre Chandon, l'un des auteurs de l'étude, spécialiste des effets du marketing sur les choix alimentaires.
Chips et chocolats contre raisins et tomates
C'est en analysant les résultats des matchs de football américain de la National Football League (NFL) pendant deux saisons, puis en les comparant à la consommation alimentaire des Américains dans une dizaine de villes, que les chercheurs sont parvenus à ce résultat.
Pour le confirmer, ils ont ensuite demandé à des Français de visionner ou de décrire des matchs de leur équipe nationale. L'étape suivante consistait à choisir entre des aliments gras et sucrés (chips, chocolat) ou des aliments sains (raisins, tomates). Sans surprise, le groupe qui avait vu ou décrit une défaite des Bleus préférait consommer les aliments les plus caloriques.
"Si des études antérieures ont démontré que les résultats sportifs avaient une influence sur les accidents au volant, sur les accidents cardiaques voire les violences domestiques, personne ne s’était penché sur leur influence sur l’alimentation", indique Yann Cornil doctorant à l'Insead.
De quoi inquiéter les supporters des équipes mal classées dans leur championnat. Mais les auteurs de l’étude se veulent rassurants et donnent un conseil pour lutter contre ces dérapages alimentaires. "En cas de défaite, pensez à ce qui est vraiment important pour vous dans votre vie, la famille, vos valeur, peut-être un autre sport". Selon eux, cette technique d'affirmation de soi donne de très bons résultats.
Source : Yann Cornil and Pierre Chandon “From Fan to Fat? Vicarious Losing Increases Unhealthy Eating, but Self-Affirmation Is an Effective Remedy”, Psychological Science 0956797613481232, first published on August 7, 2013.