Grossesse : la caféine nuit-elle au développement du cerveau ?

Bien que la caféine soit une substance fortement appréciée pour ses multiples vertus, elle ne demeure pas sans risques. Notamment pendant la grossesse, où une consommation importante de café pourrait être à l'origine de crises d'épilepsie et de problèmes de mémoire chez l'enfant. Ce sont les résultats d'une étude menée sur la souris par des chercheurs de l'Inserm, publiée le 7 août 2013 dans la revue Sciences Translational Medicine.

La rédaction d'Allo Docteurs
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Environ 2,25 milliards de tasses de café sont bues quotidiennement.
Environ 2,25 milliards de tasses de café sont bues quotidiennement.

Nicotine, drogue, alcool : ces substances psychoactives sont à bannir en période de grossesse en raison des effets néfastes qu'elles représentent pour le développement du cerveau de l'enfant. La caféine pourrait bien s'ajouter à ces restrictions pour les mêmes causes. En effet, des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) ont démontré pour la première fois, chez la souris, que l'exposition à la caféine pouvait être à l'origine des crises d'épilepsie qui surviennent à la naissance et des problèmes de mémoire à l'âge adulte.

L'étude a été menée sur des souris femelles. Les chercheurs ont reproduit chez ces rongeurs une consommation de café régulière au long de la période de gestation, c'est-à-dire 19 à 20 jours, jusqu'au sevrage de la progéniture, en ajoutant de la caféine dans l'eau de boisson. Les résultats ont alors montré que : "Les bébés souris étaient beaucoup plus sensibles aux crises d'épilepsie et, une fois devenues adultes, nous avons observé qu'elles présentaient d'importants problèmes de mémoire spatiale, c'est-à-dire des difficultés à se repérer dans leur environnement", explique Christophe Bernard, directeur de recherche à l'Inserm et principal auteur de l'étude.

La transmission du message ralentie

La caféine influe sur la migration des neurones vers l'hippocampe, une région cérébrale impliquée dans le processus de mémoration. Elle ralentit la vitesse de déplacement de ces cellules en venant s'y fixer par le biais d'un récepteur spécifique, nommé A2AR. Ainsi, les neurones arrivent plus tard à destination, ce qui a pour incidence de ralentir le processus de développement du cerveau.

Suite aux observations effectuées sur les souris, les chercheurs veulent développer leurs études sur les femmes enceintes pour évaluer les conséquences sur les nouveau-nés qui auraient pu être exposés à la caféine soit pendant la grossesse et/ou pendant l'allaitement, soit dans le cas d'un traitement de l'apnée du nourrisson, à base de citrate de caféine. "L'ensemble de ces données permettraient aux cliniciens d'affiner les recommandations élaborées à l'intention des femmes enceintes", explique Christophe Bernard, directeur de recherche à l'Inserm.

Une étude récente, publiée en février 2013, a indiqué que la consommation de caféine chez la femme enceinte induirait un poids de naissance sensiblement plus faible.

Le Programme national nutrition santé (PNNS) recommande, par ailleurs, aux femmes enceintes, de modérer leur consommation en caféine sous peine de provoquer l'accélération des battements du cœur du bébé (considérée toutefois sans gravité), il limite la consommation à trois tasses de café par jour.

Source : Adenosine Receptor Antagonists Including Caffeine Alter Fetal Brain Development in Mice, Sci Transl Med 7 August 2013, DOI: 10.1126/scitranslmed.3006258

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