L'aspirine pour éviter le cancer colorectal
Une étude britannique publiée vendredi 28 octobre 2011 dans la revue internationale The Lancet, vient confirmer les précédentes recherches sur les effets protecteurs de l’aspirine contre le cancer colorectal. Les patients à très haut risque génétique pourraient en bénéficier.
Prendre un cachet d’aspirine tous les jours diminuerait le risque de développer un cancer colorectal. C’est le résultat d’une étude publiée vendredi dans la revue internationale The Lancet.
Un traitement préventif pour les patients à haut risque
Cette dernière étude porte sur plus de 850 personnes, porteurs du syndrome de Lynch. C’est une affection génétique, appelée aussi syndrome HNPCC (Cancer colorectal héréditaire sans polypose) qui entraîne une plus forte incidence du cancer du côlon. Un personne sur trois atteinte de ce syndrome développera un cancer, l'âge de découverte d'un cancer colorectal chez ces patients est très précoce, en moyenne 42 ans, et il peut parfois apparaitre avant 25 ans.
Les personnes atteintes du syndrome de Lynch peuvent développer d'autres cancers, comme ceux de l'endomètre, des ovaires, de l'intestin grêle, de l'estomac ...
Dans cette dernière étude, la moitié des participants a pris de l'aspirine et l'autre moitié un placebo. Il apparaît que les patients ayant pris chaque jour 600 mg d'aspirine pendant 2 ans ont vu leur risque de cancer colorectal réduit par rapport à ceux prenant le produit inactif. Les auteurs de l’étude ont observé 18 cancers pour 427 patients dans le groupe sous aspirine contre 30 pour 434 patients sous placebo. Soit un tiers de cancers en moins.
Aspirine : un espoir contre le cancer
Ce n’est pas la première fois que l’on remarque les bienfaits anti-cancer de l’aspirine. Une récente étude, publiée en décembre 2010 dans The Lancet, avait démontré que 75 mg d'aspirine par jour réduisait de 20% la mortalité par cancer. Cette étude avait été menée chez des patients souffrant de maladies cardio-vasculaires, qui prennaient de l’aspirine tous les jours en traitement préventif pour fluidifier leur sang.
Selon cette étude, les effets de l'aspirine apparaissent au bout d'environ cinq ans pour les cancers de l'œsophage, du pancréas, du cerveau et du poumon; après une dizaine d'années pour ceux de l'estomac et du côlon et d'une quinzaine d'années s'agissant des cancers de la prostate.
Une bonne nouvelle dans un désert thérapeutique
Les patients porteurs du syndrome de Lynch bénéficient d’une surveillance plus importante à cause de leur risque génétique. Cette nouvelle possibilité de thérapie préventive est une « très bonne nouvelle », pour le Pr Iradj Sobhani, gastro-entérologue à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. « Nous étions confrontés à un véritable désert thérapeutique. Nous ne pouvions proposer à ces patients qu’un dépistage renforcé, et dans les cas les plus risqués, une chirurgie préventive, qui consiste à retirer le colon, ainsi que l’utérus pour les femmes. Ce que beaucoup de patients ne sont pas prêts à faire quand il s'agit de prévention. L’aspirine est un médicament facilement accessible, peu cher, et aux effets secondaires connus. Ce qui rend cette nouvelle possibilité thérapeutique très intéressante et applicable rapidement. »
Le Pr Iradj Sobhani compte d’ailleurs le proposer dans les semaines à venir à ces patients à haut risque, soit les personnes atteintes du syndrome de Lynch, ou de polypose familiale. Il n’est pas question pour le moment de généraliser ce traitement. L’aspirine est un médicament pouvant provoquer des hémorragies digestives. Un traitement à base d’aspirine n’est donc intéressant que pour les personnes ayant un risque important de développer un cancer.
Le cancer du côlon touche 40 000 personnes chaque année en France, un chiffre en constante augmentation dans les pays occidentaux. Le syndrome de Lynch, lui, est rare : il ne représente que 3 % des cas de cancers colorectaux.
Pour en savoir plus :
- The Lancet
- "Long-term effect of aspirin on cancer risk in carriers of hereditary colorectal cancer", 28 October 2011
- Cancer Info
- Le syndrome de Lynch ou syndrome HNPCC
- LeFigaro.fr :
- " L'aspirine préviendrait le cancer colo-rectal", par Damien Mascret, le 27 octobre 2011
Sur Allodocteurs.fr
- La coloscopie : à l'intérieur du côlon