L'insuffisance cardiaque : une maladie irréversible
L'insuffisance cardiaque a engendré la greffe de 397 cœurs en 2012. Trop peu quand on sait que 17.627 patients en insuffisance cardiaque terminale étaient sur liste d'attente la même année. Le nouveau cœur artificiel Carmat, implanté pour la première fois dans le monde dans un hôpital parisien, le 18 décembre 2013, donne un espoir. Mais à ce jour, même si quelques patients bénéficient de cette prouesse technologique à l'essai, la greffe classique reste l'unique alternative au stade terminal de la maladie.
Au stade terminal, seule la greffe maintient en vie
L'évolution de la médecine et l'augmentation de l'espérance de vie ont contribué à l'augmentation du nombre d'insuffisants cardiaques. Pas moins de 20 millions de personnes sont concernées en Europe et aux Etats-Unis par cette maladie. Dans l'insuffisance cardiaque, le cœur n'arrive plus à assurer sa fonction de pompe et à irriguer correctement les organes du corps. Les causes de cette pathologie sont multiples, avec en tête de liste l'hypertension artérielle et les maladies coronaires.
Le cœur se fatigue et l'éjection du sang vers les organes devient de plus en plus difficile. L'insuffisant cardiaque est fatigué, se sent de plus en plus essoufflé et développe des œdèmes des membres inférieurs. Une fois installée, l'insuffisance cardiaque est irréversible et s'aggrave au fil du temps. Elle peut parfois se compliquer d'un œdème aigu du poumon, se manifestant par une détresse respiratoire aiguë pouvant être fatale et nécessitant une intervention en urgence. En plus du régime sans sel obligatoire dans la prise en charge, des traitements médicamenteux sont bien sûr nécessaires pour aider le cœur à se contracter normalement et suppléer sa fonction de pompe.
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L'évolution inévitable de l'insuffisance cardiaque tend vers un stade dit "terminal" où seule la greffe cardiaque maintient en vie. Près de la moitié des patients décèdent dans l'année qui suit la première hospitalisation.
Pénurie de dons d'organes
Seulement 397 patients en insuffisance cardiaque terminale ont pu bénéficié en 2012 d'une transplantation cardiaque. Pour obtenir un greffon cardiaque, il faut malheureusement que quelqu'un décède. La majorité des donneurs prélevés sont des personnes qui décèdent à l’hôpital, en état de mort encéphalique suite à un arrêt vasculaire cérébral ou un traumatisme crânien.
Malheureusement, les greffons se font rares faute de donneurs (patients sans carte de donneur d'organes, ou inscrits au registre national des refus de dons d'organes ou encore opposition de la famille du donneur). Actuellement, près d'un prélèvement possible sur trois est refusé. Or, la seule alternative pour un patient atteint d'insuffisance cardiaque terminale est jusqu'à présent la greffe cardiaque d'un autre cœur humain.
Le cœur artificiel Carmat, fruit de la création du Pr Alain Carpentier, pourrait bien remédier à cela. Son projet de longue date a enfin pu être concrétisé le 18 décembre dans une salle de bloc opératoire de l'hôpital européen Georges-Pompidou. Un homme de 75 ans, atteint d'insuffisance cardiaque terminale, a été le premier receveur de cette prothèse révolutionnaire qui, contrairement aux autres systèmes d'assistance ventriculaires, restera en place définitivement. Ce patient n'aura pas besoin de prendre quotidiennement des médicaments anti-rejet, contrairement aux transplantés cardiaques.
Révolutionnaire dans l'histoire de la médecine humaine, ce coeur artificiel ne constitue toutefois pas (encore) une révolution dans la prise en charge des patients atteints d'insuffisance cardiaque. Le don d'organes reste le seul moyen de sauver des vies.
Source : Don d'organes.fr
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