L'obésité accélèrerait le vieillissement du cerveau
Un lien entre l'obésité et une accélération du déclin cognitif associé au vieillissement a été mis en évidence grâce à une étude épidémiologique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Les obèses "en bonne santé" ne sont pas épargnés.
Plusieurs études ont démontré par le passé que l'on pouvait être obèse et en bonne santé - une thèse surnommée par les anglo-saxons "fat and fit", confirmée encore par une récente publication. Etre en surpoids ne serait donc pas forcément synonyme de maladie cardiovasculaire, d'hypertension, ou de diabète.
Une étude menée par l'Inserm vient rappeler que les personnes obèses ne sont pour autant pas à l'abri d'un déclin cognitif plus rapide que la moyenne.
"Nous sommes partis de cette idée couramment répandue que l'on peut être gros et en bonne santé. Il fallait donc savoir si l'obésité était tout de même un facteur de risque dans le domaine cognitif", explique Archana Singh-Manoux, épidémiologiste à l'unité Inserm 1018, Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations.
Une cohorte de 6 000 personnes a été soumise, depuis 1997, à des tests de mémoire, d'expression verbale, de raisonnement, de vocabulaire. Ces compétences cognitives ont été évaluées à trois reprises.
Sur la cohorte, 9 % des personnes étaient obèses. La majorité (60 %) de ces personnes atteintes d'obésité présentaient également des anomalies métaboliques (hypertension, trouble de la glycémie). L'autre sous-groupe, en revanche, était ce qu'on appelle donc des "obèses en bonne santé".
Le résultat de l'étude est sans appel : on a constaté une accélération du déclin cognitif, associé au vieillissement, chez tous les sujets atteints d'obésité. En dix ans, le score des obèses souffrant d'anomalies métaboliques aux différents tests cognitifs a diminué 22,5 % fois plus vite que les sujets au poids normal. Ce déclin atteint également, dans une moindre mesure, l'autre sous-groupe d'obèses, sans anomalie métabolique. Ces obèses "en bonne santé" ne sont donc pas épargnés - le message est clair, et conforte la nécessaire prévention de l'obésité.
Pour l'instant, la nature du lien entre obésité et déclin cognitif n'est pas connue. "Cette étude montre en tout cas que les maladies cardiovasculaires ne peuvent être le seul déclencheur du vieillissement du cerveau, puisque le groupe d'obèses sans anomalie métabolique est aussi touché", conclut Archana Singh-Manoux.
Source : "Déclin cognitif : et si l’obésité l’accélérait ?", Inserm, 6 septembre 2012.
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