La résistance aux antibiotiques continue de progresser
A l'occasion de la journée européenne d'information sur les antibiotiques, le 18 novembre 2014, l'InVS a rappelé l'inquiétante progression de la résistance aux antibiotiques, notamment chez les entérobactéries, avec l'émergence de la résistance aux carbapénèmes (antibiotiques dits "de dernier recours").
L'utilisation massive et répétée d'antibiotiques génère, au fil du temps, l'apparition et la diffusion de résistances bactériennes, menaçant l'efficacité des traitements.
Les bactéries, quelles qu'elles soient, se multiplient à une vitesse incroyable : en quelques heures on en obtient des millions. Au fil des divisions cellulaire, des mutations aléatoires surviennent dans leur ADN, certaines pouvant conférer accidentellement une résistance à tel ou tel antibiotique.
En temps normal ces bactéries restent minoritaires. Mais si l'on traite la colonie avec un antibiotique, on tue toutes les bactéries sensibles... tout en laissant le champ libre aux bactéries résistantes qui vont alors se multiplier (on parle de "pression de sélection"). Il s'agit d'une équation simple et imparable : plus on utilise les antibiotiques plus on augmente la probabilité d'émergence de souches de bactéries résistantes.
Un phénomène est également crucial dans l'apparition de bactéries résistantes : les bactéries possèdent des petits bouts d'ADN, appelés plasmides, qui peuvent se transférer d'une bactérie à l'autre. Sur ces plasmides, il peut y avoir des gènes qui donnent une capacité de résistance. Donc si une bactérie résistante à un antibiotique A croise une souche résistance à un antibiotique B, il arrive parfois qu'elle récupère cette nouvelle faculté et devienne alors une bactérie dite super-résistante.
Ces bactéries résistantes peuvent se propager d'un patient à l'autre. "Il faut voir chaque individu comme un réservoir de bactéries (essentiellement présentes dans le tube digestif)", nous explique le docteur Laurent Dortet, du Service de Bactériologie-Virologie du CHU du Kremlin-Bicêtre. "Dès lors qu'il y a contact entre individus, il peut y avoir transmission de bactéries. En ville, serrez la main à une personne qui ne s'est pas lavé les mains en sortant des toilettes, et il y a propagation de bactéries fécales. A l'hôpital, les bactéries se propagent aussi via du matériel contaminé. Il peut s'agir d'un drap souillé posé sur une table, sur laquelle est posé plus tard du coton destiné à une opération, ou d'une contamination via des toilettes mal nettoyées."
De nouvelles résistances
Le 18 novembre 2014, l'Institut de veille sanitaire (InVS) a présenté des données issues de prélèvements d'infections invasives(1).
En médecine de ville, les cas de pneumocoques résistants aux antibiotiques diminuent de façon quasi-constante depuis plus de dix ans.
Il en va de même pour ceux relatifs au staphylocoque doré en secteur hospitalier. Le renforcement de mesures d'hygiène en milieu hospitalier, notamment l'hygiène des mains, semble contribuer à réduire la diffusion de bactéries mutantes.
En revanche, "une vigilance renforcée" est jugée nécessaire pour les entérobactéries. La plus célèbre représentante de cette famille de bactéries, essentiellement présente dans le tube digestif est Escherichia coli (responsable des infections urinaires).
L'Institut de veille sanitaire observe également l'émergence "particulièrement préoccupante" de résistances bactériennes dirigées contre les carbapénèmes, des antibiotiques (dits "de dernier recours")
Face au développement de ces résistances, l'InVS rappelle "[qu'une] mobilisation durable et déterminée de tous les acteurs, prescripteurs, patients et pouvoirs publics, est indispensable, afin que l'efficacité des antibiotiques puisse être préservée".
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(1) Les données de résistances bactériennes proviennent de plusieurs réseaux dont la coordination est placée sous l'égide de l'InVS : réseau de surveillance des bactéries multirésistantes dans les établissements de santé, le réseau EARS-Net France ; la surveillance renforcée des entérobactéries productrices de carbapénèmase (EPC) à partir du signalement des infections nosocomiales du réseau du CNR des pneumocoques, du réseau Rénago, de l'étude Druti.
Source : Publication InVS / ANSM - Consommation d'antibiotiques et résistance aux antibiotiques en France : nécessité d'une mobilisation déterminée et durable – Bilan des données de surveillance 2014 - novembre 2014.
En savoir plus sur la résistance aux antibiotiques :
Sur Allodocteurs.fr
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Ailleurs sur Internet :
- Inserm
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- Multirésistance aux antibiotiques : pourquoi les bactéries sont si efficaces - 19 mai 2009
Entre 2000 et 2013, la consommation d'antibiotiques a baissé de 10,7%, mais elle a augmenté de 5,9% depuis 2010.
En volume, moins de 10% de ces médicaments sont consommés à l'hôpital (contre plus de 90% dans le secteur de ville). 70% des prescriptions faites en ville se rapportent à des affections des voies respiratoires.
En 2013, les génériques d'antibiotiques ont représenté 82,5% de la consommation d'antibiotiques en ville. 59,3% des consommateurs d'antibiotiques sont des femmes.
L'exposition aux antibiotiques est élevée à l'hôpital où environ quatre patients sur dix reçoivent, un jour donné, une dose d'antibiotique.
(Source : ANSM)