Le Chili invente l'avertisseur solaire pour... sauver sa peau
Exposé à un soleil intense, un Chilien a déjà reçu à 18 ans la dose de rayons UV d'un sexagénaire ailleurs. Or les autorités s'inquiètent d'un été austral aux rayonnements plus forts que d'habitude, qui affolent de curieux avertisseurs solaires, une invention locale.
Rayonnements UV : cause nationale
"Nous avons établi fin septembre (début du printemps austral) que le rayonnement ultraviolet était plus élevé que les années antérieures", explique à l'AFP Ernesto Gramsch, physicien de l'Université du Chili, chargé du Réseau national de mesure ultraviolet.
Normalement, les radiations commencent à s'élever en décembre et atteignent un pic en janvier, mois le plus chaud de l'année. Cette année, les radiations, de 10 % plus intenses qu'en 2008, dernière année forte, ont commencé plus tôt.
En raison de sa situation géographique, d'une faiblesse locale de la couche d'ozone et d'un climat désertique au nord, le Chili est particulièrement vulnérable. Et les rayonnements UV, responsables de cancers de la peau, y sont presque une cause nationale.
"Un jeune à 18 ans a reçu la quantité de radiation qu'il devrait avoir accumulé à 60 ans", affirme Cecilia Orlandi, dermatologue à la Corporation nationale du cancer (Conac). Avec les indices actuels, un exposition de quinze minutes, particulièrement dans la tranche 11h - 16h, suffit à endommager la peau. Plus de 200 Chiliens décèdent chaque année d'un cancer de la peau, un chiffre qui a augmenté de 106 % sur la décennie écoulée, selon la Conac.
Le Chili ne plaisante pas avec son soleil
Pour ces raisons, le Chili est en pointe de la prévention solaire, avec une législation stricte, qui oblige les entreprises à informer chaque jour leurs employés en extérieur de l'indice de radiation prévu et à fournir crèmes solaires, chapeaux, lunettes, voire gants de protection.
Ainsi, sur certains chantier de Santiago, les ouvriers connaissent bien la "pause écran solaire" : quand le sifflet retentit, les ouvriers s'arrêtent et s'enduisent de crème.
Le Chili innove aussi avec ses "solmaphores", dérivé de l'espagnol "semaforo" (feu de signalisation) : un drôle d'appareil, conçu par M. Gramsch dans son atelier de l'Université du Chili, aux faux airs de feu de circulation, mais pentacolore au lieu de tricolore.
Un capteur reçoit les radiations, "un circuit électronique amplifie le signal, le répartit et allume l'ampoule qui correspond" au degré de risque, explique-t-il. Vert pour "bas", jaune pour "moyen", orange pour "élevé", rouge pour "dangereux" et violet pour "extrême".
Sur les places publiques du Chili, dans le Nord surtout, au bord des piscines, dans des stations balnéaires, sur des sites miniers, on trouve ces grosses boîtes à loupiottes. M. Gramsch dit en avoir distribué 200 exemplaires, et en avoir également exporté en Espagne, au Pérou, en Colombie ou au Mexique notamment.
En savoir plus :