Le don de gamètes en péril
Les Cecos, banques de sperme et d'ovules, ont 40 ans. Confrontés aujourd'hui à une baisse de donneurs de spermatozoïdes et au débat permettant aux couples homosexuels d'avoir recours à une aide médicale à la procréation, ces centres, seuls habilités en France à recueillir et conserver les gamètes, ont un rôle essentiel d'accompagnement et de soutien des couples infertiles.
Les centres d'études et de conservation des œufs et du sperme humain (Cecos) ont été créés en 1973. Ils permettent aux couples atteints d'infertilité de fonder une famille grâce à une procréation médicalement assistée (PMA), également appelée assistance médicale à la procréation (AMP), avec don de gamètes. Chaque année, plus de 3.000 couples font appel à ces établissements pour bénéficier de dons de sperme et d'ovocytes. Aujourd'hui, les Cecos comptent près de 50.000 enfants nés grâce à l'aide de spermatozoïdes de donneurs.
L'arrivée en France de la technique de congélation des gamètes permet de développer l'insémination du sperme. "Le Pr Georges David, fondateur des Cecos, s'est inspiré de la philosophie des banques de sang, avec le don anonyme et gratuit", se souvient le Pr Lansac, ancien président de la Fédération Cecos. Des règles qui ont largement influencé la première loi de bioéthique de 1994 qui autorise le don de gamètes sous couvert d'anonymat, de volontariat et de gratuité.
Les dons de gamètes en baisse
Le don de sperme fait défaut. Les donneurs ont baissé d'un tiers en 2011, avec 233 nouveaux donneurs, contrairement aux 306 l'année précédente. La situation est jugée préoccupante par l'Agence de la biomédecine.
Quant aux dons d'ovocytes pour les couples infertiles, ils ont augmenté. En 2011, le nombre de donneuses d'ovocytes s'élevaient à 402 femmes contre 356 en 2010. Au total, 208 enfants sont nés en 2011 grâce aux dons d'ovocytes.
Pourtant la liste des couples demandeurs continue de s'allonger. A la fin de l'année 2011, l'un des 25 centres français enregistraient 1.806 couples inscrits pour bénéficier d'un don d'ovocytes. Les donneuses ne sont pas assez nombreuses pour répondre à une demande qui ne cesse de croître.
"Il aurait fallu 900 donneuses supplémentaires pour répondre à l'ensemble de ces besoins", selon l'Agence de la biomédecine. Un manque qui pourrait continuer de grandir avec l'augmentation des grossesses tardives. La préservation de la fécondité des femmes avançant en âge, grâce à la congélation rapide (vitrification) des ovules, reste toutefois un débat ouvert. Cette technique est autorisée en France depuis la loi de bioéthique votée en 2011, en cas de traitement à risque stérilisant. En janvier 2013, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) s'était prononcé en faveur de l'"autoconservation sociétale des ovocytes" (sans raison médicale).
Le recours à la PMA est limité
L'accès à la PMA reste en France restreint aux couples hétérosexuels. En effet, la loi interdit aux femmes célibataires et aux couples femmes homosexuelles de bénéficier des techniques d'aide médicale à la procréation. Alors pour avoir un enfant, certaines femmes n'hésitent pas à recruter elles-mêmes leur donneur parmi leur cercle d'amis ou via des forums sur Internet. Et, elles procèdent à l'insémination chez elles, toutes seules, en dehors de tout cadre médical, c'est l'insémination artisanale.
La procréation médicalement assistée, qui comprend l'insémination artificielle et différents types de fécondation in vitro (FIV), a permis en 2011 la naissance de plus de 23.000 bébés en France, soit 2,8% des enfants nés cette année là, selon les derniers chiffres de l'Agence de la biomédecine.
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Il existe deux formes de fécondation in vitro (FIV). La fécondation in vitro (FIV) conventionnelle qui consiste à mettre des spermatozoïdes après une sélection en contact avec les ovocytes. Ensuite, les spermatozoïdes doivent accomplir seuls leur mission de traverser la membrane de l'ovule pour le féconder. Et lorsque certains d'entre eux parviennent à destination, des embryons se forment, puis ils sont réimplantés dans l'utérus de la mère.
Parfois, les spermatozoïdes ne sont pas équipés pour parvenir à traverser la membrane de l'ovule. Il existe alors une autre technique. Il s'agit de l'ICSI (Intracytoplasmic sperm injection). La méthode procède de la même manière que la fécondation in vitro. A la différence que le spermatozoïde fécondant est directement introduit à l'intérieur de l'ovocyte pour que le matériel génétique du père fusionne avec celui de la mère et forme un embryon.