Le dossier pharmaceutique personnel a la cote
20 millions de Français disposent désormais d'un dossier pharmaceutique. Outil de travail efficace des pharmaciens, au service des patients, le dossier est un succès. Il devrait s'étendre très prochainement aux hôpitaux.
Votre pharmacien sait quels médicaments vous prenez… uniquement dans sa pharmacie. Tout du moins si vous ne disposez pas d'un dossier pharmaceutique (DP). Car, en revanche, si vous faites partie des 20 millions de Français qui ont choisi d'adhérer au dispositif, tous les pharmaciens peuvent prendre connaissance des médicaments que vous avez achetés, avec ou sans ordonnance, chez eux ou chez leurs confrères, grâce à la consultation d'un dossier médical informatisé.
Un dossier pharmaceutique, ça sert à quoi ?
Le dossier contient la liste des médicaments qui vous ont été dispensés, durant les quatre derniers mois. "En ayant ainsi une vision globale de votre historique médicamenteux récent, les pharmaciens peuvent détecter d'éventuelles interactions médicamenteuses, ou redondances de traitement" explique Sylvain Ienfre, directeur des technologies en santé à l'Ordre des pharmaciens, en charge du déploiement du dossier pharmaceutique. Le DP est donc très utile aux officinaux, en leur permettant la coordination, la qualité, la continuité des soins et la sécurité de la dispensation des médicaments, dans l'intérêt de leurs patients.
Données sécurisées, contrôle du patient sur les informations
"Le dossier pharmaceutique est un dossier médical dématérialisé et centralisé sur une plate-forme, qui héberge des données de santé nominatives. Ces données ne sont accessibles qu'avec la carte Vitale du patient et l'hébergeur est agréé par le ministère de la Santé. La carte Vitale est également nécessaire pour alimenter le dossier", indique Sylvain Ienfre.
L'ouverture du DP se fait sur recueil du consentement oral du patient. "Aucun papier n'est signé. Le consentement est mémorisé informatiquement et matérialisé par l'impression d'un document qui est remis au patient. Le document rappelle le principe du dossier et le texte de loi qui autorise l'existence du dossier".
Et cette ouverture est vraiment "sans engagement". "Le patient a tous les droits quant à la gestion de son dossier !", rappelle Sylvain Ienfre. "Il peut en refuser l'accès au pharmacien quand il le souhaite, il peut choisir d'en exclure certains médicaments, et peut tout à fait décider de le fermer, sans avoir à se justifier".
Un succès réel, des points à améliorer
Lancé au départ sur le mode expérimental, dans six départements-tests, le dispositif a été généralisé en 2008 à tous les territoires, après autorisation de la CNIL (Commission nationale de l'informatique et des libertés). Désormais, 95 % des officines sont équipées et 83 % des patients ont un DP.
Mais le dispositif a encore quelques "points faibles". Alors que tous les médicaments sans exception devraient y figurer, les médicaments en vente libre y sont encore, dans la pratique, trop peu inscrits. A qui la faute ? "Les patients sont encore trop peu habitués à présenter leur carte Vitale pour acheter une boîte de paracétamol ou d'aspirine. Synonyme pour eux de remboursement, ils ne comprennent pas toujours pourquoi elle leur est demandée hors de ce contexte et peuvent se monter réticents. Et puis, tout simplement, ils ne l'ont pas toujours sur eux", analyse le responsable de projet.
Mais les pharmaciens eux-mêmes ne joueraient pas toujours le jeu, en ne demandant pas systématiquement la carte pour alimenter le dossier lors de vente de médicaments conseils. "Il faudra à terme amener les professionnels de santé à avoir ce réflexe et cette démarche volontaire".
Autre problème, les seniors se montreraient peu enclins à la création d'un DP. "Les plus de 65 ans sont 25 % à ne pas avoir de dossier pharmaceutique", indique Sylvain Ientre. "Bien souvent, il n'y voient pas d'utilité, car ils se disent fidèles à leur pharmacie".
Le DP, prochainement attendu dans les hôpitaux
Mais l'arrivée à l'hôpital du dossier pharmaceutique pourrait les faire changer d'avis. Les pharmaciens hospitaliers pourront bientôt avoir également accès au traitement des patients. Cette "extension" du dossier pharmaceutique répond à une forte demande des pharmaciens d'hôpitaux, qui ont besoin de connaître les traitements en cours des nouveaux admis.
Mieux, une vingtaine d'hôpitaux-test vont permettre aux urgentistes, anesthésistes et gériatres d'y avoir également accès.
Le dossier pharmaceutique semble donc avoir de beaux jours devant lui.
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