Les accès de colère sont mauvais pour votre cœur
Les personnes colériques sont plus susceptibles que les autres d'avoir des accidents cardiovasculaires, démontre une méta-analyse réalisée par des chercheurs étasuniens, publiée le 3 mars 2014, dans la revue European Heart Journal.
"Calmez-vous, vous allez faire un infarctus !" Voilà bien l'une des pires façons de ramener à la raison un individu dont la colère vient d'éclater. Mais à défaut de faire retomber la pression, cette remarque n'est pas dénuée de fondement scientifique. Après analyse de très nombreuses études publiées depuis la fin des années 60, une équipe de chercheurs basée à Boston a mis en lumière deux faits.
Premièrement, il existe un risque accru d'accident vasculaire deux heures après un accès de colère. Une véritable explosion de rage est rare. Mais la probabilité que celle-ci précède la survenue de ces accidents est significativement élevée, révèle l'analyse. Les risques d'infarctus ou de syndrome coronarien aigu apparaissent ainsi au moins multipliés par 2,5, et celui d'un anévrisme intracrânien au bas mot par 1,5. A noter que si un tel anévrisme vient à se rompre, il peut entraîner un accident vasculaire cérébral hémorragique.
Le risque d'épisodes d'arythmie ventriculaire semble quant à lui augmenté d'un facteur 1,8 à 3,2.
Les données relatives aux accidents vasculaires cérébraux dûs à l'occlusion d'un vaisseau (AVC ischémiques) sont contradictoires, mais apparaissent également en faveur d'un surrisque.
Les auteurs de la méta-analyse remarquent toutefois que, "si risque relatif d'un événement cardiovasculaire consécutif à une explosion de rage est important et statistiquement significatif", les accès de colère sont des évènements assez rares. "De fait, leur impact sur le risque d'accident cardiovasculaire individuel est faible."
Les données précédentes décrivent une population moyenne, observent les chercheurs. Or, insistent-ils, il existe un lien étroit entre fréquence des accès de colère et risque de maladie coronaire. Selon leur synthèse, les personnes qui "explosent" au plus une fois par mois ont un surrisque cardiovasculaire qui n'est quasiment pas augmenté.
Avec deux accès de rage quotidiens, la probabilité de finir aux Urgences est en revanche très nettement accrue. Celle-ci croît ensuite graduellement avec la fréquence des "crises".
"Le stress psychologique augmente le rythme cardiaque, la pression artérielle et [la résistance exercée par les vaisseaux sur le flux sanguin]", détaillent les chercheurs pour expliquer la corrélation observée. "Bien que cela n'ait pas été rigoureusement évalué dans le cadre d'essais cliniques randomisés, il est possible que des interventions psychologiques puissent aider à réduire le risque d'événements cardiovasculaires associés aux accès de colère".
Source : Outbursts of anger as a trigger of acute cardiovascular events: a systematic review and meta-analysis. E. Mostofsky, E.A. Penner, M.A. Mittleman. Eur Heart J. 3 mars 2014 doi:10.1093/eurheartj/ehu033 http://eurheartj.oxfordjournals.org/content/early/2014/03/03/eurheartj.ehu033.full
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