Les infirmiers dans la présidentielle
L'Ordre des infirmiers interpelle les candidats à l'élection présidentielle sur leurs conditions de travail. A l'appui : une étude menée auprès de 21 000 professionnels. Le verdict : un infirmier sur deux estime mettre en danger la sécurité de ses patients. A ses dépens bien sûr.
51 % des infirmiers salariés du public jugent ne pas pouvoir assurer la sécurité des soins de leurs patients. Dans le privé, ils sont 41 % à penser de même. Telle est la conclusion d'une grande enquête nationale sur la première profession de santé en France, qui compte pas moins de 520 000 praticiens.
Plus de 21 000 infirmiers ont participé à cette étude, et ont été interrogés sur la sécurité de soins à l’hôpital, les réformes réalisées ces dernières années, et leurs propositions d'évolution.
Stress et surcharge de travail
A l'origine de ce constat, une surcharge de travail. Les infirmiers se plaignent en majorité d'un manque d'effectifs corrélé à une augmentation du nombre de patients à prendre en charge. La "lourdeur des tâches administratives" est aussi largement évoquée.
Mais il est aussi question de l'environnement de travail, dominé par le stress et l'épuisement. En cause : des "alternances nuit/jour trop fréquentes", des infirmiers qui ne sont pas toujours remplacés pendant leurs congés, une pression de la direction vers plus de rentabilité...
Des réformes déçevantes
Dans l'ensemble, les infirmiers jugent plutôt négativement le bilan des réformes réalisées ces dernières années. Par exemple, "46 % des directeurs de soins, et 65 % à 70 % de toutes les autres catégories d'infirmiers ne sont pas favorables à cet article de loi permettant un transfert de tâches médicales aux infirmiers sans aucune reconnaissance financière, statutaire ou universitaire". Traduction : les infirmières peuvent obtenir le droit de pratiquer des vaccins, ou des prélèvements de moelle osseuse par exemple, mais sans bénéficier pour autant d'une prime sur leurs salaires.
Les infirmiers voudraient faire évoluer leur métier, et propose des mesures concrètes visant à améliorer la prise en charge des patients. En tête des propositions : prescrire des médicaments anti-douleur aux patients qui en ont besoin.
L'Ordre national des infirmiers espèrent que les candidats à l'élection présidentielle, puis le gouvernement nouvellement élu tiendront compte de cette étude, et des propositions qui y sont faites. C'est la sécurité du patient qui est ici en jeu, selon ces praticiens.
Source : "Les infirmiers alertent les pouvoirs publics et les candidats à l’élection présidentielle sur la qualité et la sécurité des soins à l'hôpital", Ordre national des infirmiers, le 11 avril 2012
En savoir plus
- Le Figaro.fr
- "Un infirmier sur deux inquiets de ses conditions d'exercice", le 12 avril 2012.