Perte de l'odorat : un risque accru de décès chez les personnes anosmiques

Tout autre facteur de risque pris en compte, les "anosmiques" ont un risque "au moins doublé" de décéder dans les cinq ans, par rapport à des personnes de même profil dont l'odorat reste bon.

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
Perte de l'odorat : un risque accru de décès chez les personnes anosmiques

Les chercheurs ont demandé à près de 3.000 patients âgés de 57 à 85 ans de reconnaître des odeurs simples : de la rose, de l'orange, du poisson, de la menthe et du cuir.

Premier constat : 40% des 100 patients ayant reconnu moins de quatre odeurs… ont poussé leur dernier souffle dans les cinq années qui ont suivi.

A priori, rien d'étonnant, puisque la plupart d'entre eux étaient âgés. Mais en y regardant de plus près, les scientifiques ont montré que, quel que soit leur âge, ces patients dits "anosmiques" avaient un risque de décéder dans ce laps de temps au moins doublé par rapport aux autres (sur-risque estimé entre +100% et +450%).

Plus prédictif qu'un cancer ou un AVC

Le fait d'être anosmique apparaît un facteur "prédictif" de décès – en d'autres termes, un indicateur de sur-risque de mortalité – plus pertinent que le fait d'avoir eu un cancer, d'avoir souffert d'une attaque cardiaque ou d'un AVC, voire d'être diabétique.

Dans cette étude, le risque de décès à cinq ans associé à l'hyposmie (incapacité partielle à reconnaître des odeurs) est également apparu supérieur à celui des personnes capables de reconnaître les cinq parfums testés. Toutefois, les données ne permettent pas de déterminer si cette augmentation n'est que de quelques pourcents, ou doublée (+100%).

L'indice que quelque chose ne va pas

Comme l'expliquent les chercheurs, la perte de l'odorat n'est pas une cause directe de décès. Elle semble cependant être l'indice que quelque chose ne tourne pas rond dans l'organisme.

Une des explications avancée par les chercheurs est que notre système olfactif est doté de cellules souches capables de se régénérer. Une diminution de l'odorat pourrait donc signaler une baisse de la capacité générale de la régénérescence de l'organisme, qui diminue de fait les risques de survie à toute maladie.

 

Source : Olfactory Dysfunction Predicts 5-Year Mortality in Older Adults. J.M. Pinto et coll. PLOS One, 1 oct. 2014 doi:10.1371/journal.pone.0107541

 

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Une anosmie peut avoir de nombreuses causes. Lorsqu'elle est la conséquence d'une rhinite ou d'une sinusite, ce trouble cesse avec la maladie. Elle peut aussi être le symptôme d'une polypose (inflammation qui entraîne une congestion des muqueuses). Certaines affections virales peuvent entraîner une diminution non réversible de l'olfaction. Un traumatisme, notamment crânien, est également une cause fréquente (15-20%) d'anosmie non réversible.

Ce trouble peut par ailleurs être associé à des intoxications (chrome, asphalte, plomb, zinc…), ainsi qu'à l'apparition de tumeurs. Il rentre également fréquemment dans le tableau clinique de pathologies neurologiques (SLA, sclérose en plaques, maladie d'Alzheimer, Parkinson…).

(Source : ORL France)