Pollution de l'eau : des nano-poils pour détecter le mercure
Des chercheurs ont mis au point une nouvelle technique pour détecter la présence dans l'eau de mercure, un métal lourd, toxique s'il s'accumule dans l'organisme
Accumulé dans les eaux des lacs et rivières, le mercure atteint les poissons, gagne la chaîne alimentaire et in fine l'être humain. Jusque-là, détecter la présence de mercure requérait des outils coûteux et complexes, nécessitant d'envoyer les prélèvements dans un laboratoire avec un matériel d'analyse très cher.
Une équipe américano-suisse, dont les travaux viennent d'être publiés dans la revue britannique Nature Materials, a mis au point une nouvelle technique, qu'elle présente comme "plus simple et peu coûteuse".
Il s'agit de petites languettes de verre, recouvertes d'un film de nanoparticules poilues. Il suffit de plonger dans l'eau : leurs poils vont alors piéger les ions émis par le polluant, métal lourd. "Plus le nano-velcro capture de grandes quantités d'ions, plus il est conducteur", explique Francesco Steelacci, spécialiste des matériaux à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, et directeur de la recherche. "Il suffit alors de mesurer le courant électrique qui le traverse pour en déduire combien de particules polluantes ont été piégées", précise-t-il.
La fabrication de ces languettes ne coûterait qu'une petite dizaine d'euros, et sa simplicité d'utilisation permettraient de procéder aux mesures sur le terrain, avec une lisibilité immédiate des résultats.
Cette nouvelle méthode permet de détecter des quantités infimes de méthylmercure, la forme la plus courante de pollution au mercure.
La détection du mercure est devenue un problème de santé publique, au vu de son caractère toxique et de la complexité avec laquelle il se répand dans l'environnement. Aux Etats-Unis, en France et au Canada, les autorités de santé conseillent notamment aux femmes enceintes de limiter leur consommation de poisson - la présence de mercure pourrait menacer le développement du système nerveux du fœtus. Une polémique récurrente concerne également la présence de mercure dans les amalgames dentaires.
Source : "Ultrasensitive detection of toxic cations through changes in the tunnelling current across films of striped nanoparticles", 9 September 2012, Nature Materials(2012), doi:10.1038/nmat3406
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