Quelle prise en charge pour le ''coup du lapin'' ?
Quelle prise en charge pour les victimes du "coup du lapin" ? Une étude britannique récente démontre que les thérapies lourdes et coûteuses n'offrent aucun bénéfice par rapport aux soins standards. La psychologie est au cœur du problème : le stress causé par un trop grand déploiement de moyens médicaux réduirait fortement l'efficacité des traitements.
Le "coup du lapin" désigne un traumatisme musculaire et vertébral, consécutif à un très rapide mouvement d'avant en arrière de la tête, souvent vécu dans les accidents de voiture : les masses musculaires sont brutalement étirées, les disques intervertébraux compressés. Le plus souvent, il survient au cours d'un accident de la circulation, du fait de l'arrêt brutal du véhicule.
Si une consultation aux Urgences s'impose dans tous les cas, les praticiens peinent à identifier quelle prise en charge pourrait être optimale pour les patients.
Au terme de six années d'études sur les bénéfices comparés des stratégies de soins du "coup du lapin", des chercheurs britanniques sont arrivés à une conclusion surprenante : les démarches de soins longues et complexes ne sont ni plus ni moins efficaces que les approches classiques.
Leurs travaux, récemment publiés par The Lancet, portent sur 3.851 patients consultant aux Urgences.
Des consultations "actives" d'un intérêt très limité
Dans une première phase de l'étude, les patients ont été dirigés aléatoirement soit vers une consultation classique (41%), soit vers une consultation dites "de gestion active" (59%). Dans ce second cas, les patients ont reçu des informations sur le caractère bénin du "coup", les chances de récupération, la possibilité de reprendre une activité normale et l'inutilité d'un collier cervical. Des exercices de gestion de la douleur étaient également proposés.
Une année plus tard, 37% des représentants du premier groupe ont affirmé se sentir mieux, contre 42% des membres du second. Une différence très relative, d'autant plus pondérée que l'incapacité cervicale mesurée est, elle, identique pour les deux échantillons.
Bon conseils ou physiothérapie ?
Dans une seconde phase de l'enquête, près de 600 patients ont été les sujets de traitements encore plus différenciés. Tandis que la moitié d'entre eux ont bénéficié de simples conseils, 300 personnes se sont vus prescrits des sessions de physiothérapie complète. Un léger mieux est observé, à quatre mois, dans le second cas. Mais lors d'examens de contrôle réalisés à 8 et 12 mois, aucun bénéfice - pas même psychologique - ne pouvait être mesuré.
"Les consultations de gestion active ou l'offre de physiothérapie étaient plus coûteuses que la consultation normale," ne manquent pas de rappeler les auteurs de l'étude.
Le bénéfice des soins supplémentaires contrebalançés par l'inquiétude qu'ils génèrent ?
Le phénomène n'étonne que partiellement Robert Ferrari, commentateur scientifique du Lancet, qui se réfère pour interpréter ces résultats à une étude publiée en 2008 dans la revue Spine.
Selon cette recherche, la douleur ressentie plusieurs mois après l'accident est fortement corrélée à des facteurs d'ordre psychologique. "L'exagération dans la description initiale de la douleur, de même que les croyances individuelles [sur la gravité de ce type de traumatisme] sont proportionnellement liées au ressenti de la souffrance plusieurs mois après l'accident." D'où l'hypothèse formulée par Ferrari, selon laquelle une prescription lourde ou la durée inhabituelle de l'examen renforcerait le sentiment de gravité de l'accident.
Source : "Emergency department treatments and physiotherapy for acute whiplash: a pragmatic, two-step, randomised controlled trial.". Lamb SE, Gates S et coll., The Lancet, doi: 10.1016/S0140-6736(12)61304-X
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