Spare Parts : le recyclage de prothèses par des artistes amputés
En cette période de Jeux paralympiques, Londres offre un nouveau regard sur les personnes handicapées physiques, grâce à une exposition originale de prothèses devenues œuvres d'art.
"Spare Parts", pièces de rechange. Jusqu'au 9 septembre 2012, au Rag Factory à Londres, des centaines de prothèses sont exposées par des artistes amputés, qui ont décidé de les recycler de manière originale. Mains ou jambes, l'exposition transforme en œuvre d'art d'anciennes prothèses.
Priscilla Sutton, à l'origine de l'idée, brise le tabou en exposant avec humour, émotion et beauté, des prothèses habituées à se faire discrètes. Ici, les mains servent de souris d'ordinateurs, les jambes se travestissent en vase de porcelaine. Certaines sont décorées au henné, d'autres recouvertes de cuire et de strass, il y en a pour tous les goûts.
"Alors que le monde entier a les yeux tournés vers l'élite des athlètes, cette exposition met l'accent sur la vie de tous les jours d'un amputé, et rend hommage aux prothèses", explique Priscilla, "nous n'attendons pas quatre ans pour nous sentir en confiance et être à l'aise en parlant de ces jambes étonnantes".
C'est d'ailleurs en 2010 que Priscilla Sutton a l'idée d'une telle exposition. Alors qu'elle range ses placards, cette australienne de 33 ans, elle-même amputée d'une partie de la jambe droite, retrouve d'anciennes prothèses. "Les amputés gardent leur prothèse, "au-cas-où" mais aussi pour des raisons sentimentales, les prothèses deviennent un membre de votre corps à part entière, et on ne jette pas son corps à la poubelle comme ça".
Priscilla décide de rassembler des amis et des les encourager à transformer leurs anciennes prothèses en œuvre d'art. L'idée rencontre un tel succès que les prothèses sont exposées au Brisbane Powerhouse.
Depuis, beaucoup d'artistes ont rejoint le club : Anglais, Américains, Australiens, Français, Japonais, ils viennent du monde entier et revendiquent leur handicap avec fierté.
Selon Priscilla, les femmes auraient plus de mal à assumer leurs prothèses. Mais l'artiste ne se prive pas pour porter des jupes et arborer avec panache des prothèses dignes des plus grands couturiers. La jeune femme alterne entre une prothèse à imprimé floral de style japonais, et une autre décorée par Mark Ryden, un artiste américain surréaliste. "Spare Parts a permis de partager mon amour des prothèses, et a apporté une aide cruciale à beaucoup d'amputés sur le long terme".
En savoir plus
- Spare Parts
Jusqu'au 9 septembre 2012.
The Rag Factory, Londres
- Le Point.fr
- "A Londres, entre surréalisme et quotidien, des prothèses devenues oeuvres d'art", publié le 3 septembre 2012.