Thérapies complémentaires : l'Académie de médecine exprime ses ''réserves''
L'Académie de médecine a rendu un rapport sur les thérapies complémentaires que sont l'acupuncture, l'ostéopathie, l'hypnose et le tai-chi. Elle reconnaît leur "apport bénéfique" dans certains cas, mais rappelle que ces thérapies doivent rester à leur "juste place, derrière la médecine", basée, elle, sur des preuves scientifiques.
Devant l'engouement des patients pour les médecines dites "douces" ou "alternatives", et leur introduction progressive et "insidieuse" (sic) dans l'hôpital par l'AP-HP, l'Académie de médecine a rendu un rapport d'évaluation sur quatre thérapies complémentaires : l'acupuncture, la médecine manuelle (ostéopathie et chiropraxie), l'hypnose et le tai-chi.
Selon les membres de l'Académie, ces thérapies "ne sont pas des médecines, mais des techniques empiriques", et doivent impérativement rester à leur "juste place" : "elles ne sauraient être considérées comme une alternative à la médecine traditionnelle, validée par les preuves". D'où la dénomination de thérapies "complémentaires".
Ces thérapies "ne doivent pas être vues comme une solution de premier recours, ni comme une solution de remplacement qui exposerait à des erreurs et retards de diagnostic et à des pertes de chance".
L'Académie s'est heurtée à la difficulté d'évaluation de ces pratiques. "La nature de ces pratiques rend difficile une évaluation irréprochable du bénéfice apporté", la question de l'effet placebo restant centrale.
Néanmoins, l'Académie reconnaît l'efficacité de certaines pratiques dans des cas bien particuliers.
Acupuncture : elle peut s'avérer "bénéfique" sur les douleurs du dos, du cou, sur les céphalées et les migraines, ou encore avoir un effet positif sur l’arthrose des membres inférieurs et prévenir les nausées induites par les chimiothérapies.
Ostéopathie et chiropraxie : ces thérapies manuelles peuvent s'avérer "modérément efficaces" sur les lombalgies, cervicalgies, et certaines céphalées. L'Académie souligne cependant la possibilité de complications, rares mais graves, dûes aux manipulations cervicales.
Hypnose : elle s'avère la plus efficace sur les effets secondaires des chimiothérapies (nausées), et peut également soulager la douleur chez l'enfant lors d’un geste invasif (par exemple la pose d’un plâtre, ou un examen médical)
Tai-chi : cette pratique ancestrale chinoise s'avère intéressante pour améliorer notamment l'équilibre et prévenir les risques de chute chez les personnes âgées.
Pour finir, l'Académie met en garde contre l'hétérogénéité des formations (en particulier sur l'ostéopathie), le risque de "diffusion abusive de méthodes d'utilité improbable", le risque de "dérive sectaire", et le mauvais encadrement de leur pratique au sein de l'hôpital. "La pratique des thérapies complémentaires dans les établissements est reconnue, mais leur reconnaissance implique leur identification dans l’ensemble des soins assurés par un service, un contrôle strict des personnels qui les dispensent, l’élaboration des guides de bonnes pratiques, et la mise en œuvre d’études scientifiques propres à les évaluer".
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