Un cœur artificiel français testé à l’étranger
Un cœur entièrement artificiel, mis au point en France, va être testé sur l'homme d'ici quelques mois en Belgique, en Slovénie, en Arabie Saoudite et en Pologne. Comment fonctionne-t-il ? Pourquoi les essais ne sont-ils pas réalisés en France ?
Le cœur est notre moteur. Une formidable pompe capable de distribuer le sang dans notre corps et avec lui l'oxygène et les nutriments nécessaires. Sa dernière copie : le cœur artificiel Carmat, fruit de 20 ans de recherches de médecins et d'ingénieurs aéronautiques, dirigés par un Français, le Pr Carpentier.
Comme un vrai cœur, il possède deux ventricules, deux oreillettes et un mécanisme de contraction. L'idée n'est pas nouvelle, mais ce cœur est censé réagir comme le nôtre. "Ce cœur Carmat est très innovant, car il mime un cœur humain normal", explique le Dr Philippe Pouletty, immunologiste et co-inventeur du Carmat. "Il va accélérer, décélérer au gré des besoins du malade".
Une fois ce cœur implanté dans l'abdomen, des logiciels permettent d'adapter le rythme des contractions. Mais pour battre, ce cœur artificiel a besoin d'électricité. Avec une consommation électrique faible, le cœur Carmat est alimenté par batteries dans la journée. Le soir, le malade peut se brancher sur secteur, comme il brancherait un simple téléphone portable.
En France, près de 100.000 personnes souffrent d'insuffisance cardiaque sévère. Si les traitements et les pacemakers soignent bien, la seule solution reste parfois la greffe cardiaque. Or, chaque année, moins de 400 cœurs sont greffés.
Quarante années de recherche
Cela fait plus de quarante ans que l'on essaie de remplacer le cœur par une machine. En 1969, au Texas, un homme teste un cœur artificiel total. Cette pompe lui permet de patienter trois jours avant une greffe cardiaque. Au fil des ans, les cœurs mécaniques ont évolué et ont gagné en efficacité. Mais on n'a encore jamais réussi à faire vivre durablement et normalement un patient avec un cœur artificiel.
"Le système de cœur artificiel, c'est-à-dire l'assistance d'un cœur défaillant est une vieille idée", note le Dr Michel Desnos, cardiologue à l'hôpital européen Georges Pompidou (Paris). "[L'originalité d'un tel dispositif] est qu'il est totalement implantable et qu'il se rapproche le plus possible d'un cœur naturel".
Déjà expérimenté sur l'animal, bientôt sur l'homme
Testé en laboratoire depuis des années, puis sur le veau, la prothèse Carmat doit être posée sur l'homme pour la première fois dans quatre pays : la Belgique, la Slovénie, l'Arabie Saoudite et la Pologne. En France, l'Agence du médicament n'a pas encore autorisé ces essais. "Le dossier d'essai clinique de Carmat a été déposé à l'ANSM il y a quelques temps, mais il n'a pas été refusé. Nous avons souhaité des explorations complémentaires et c'est la raison pour laquelle Carmat a préféré retirer son dossier pour ne pas s'exposer à un refus et continuer ses explorations", affirme Brigitte Heuls, directrice en charge des dispositifs médicaux de l'ANSM qui espère toutefois "avoir un essai clinique en France car il s'agit d'un projet totalement innovant, très intéressant".
Ce cœur artificiel de 900 grammes reste volumineux et ne s'adapte que sur des thorax masculins larges. Un modèle plus petit est actuellement en développement.
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