Un gène contre les cancers colorectaux
C’est le troisième cancer le plus fréquent. Chaque année le cancer du côlon tue plus de 17 000 personnes, selon les chiffres de l'Institut national du cancer. Mais une équipe de chercheurs du Centre de cancérologie de Lyon vient de démontrer les vertus protectrices d’un gène contre le développement des tumeurs colorectales.
L'étude a été publiée dans une lettre de la revue scientifique Nature, datée du 11 décembre 2011. Elle a été menée par Patrick Mehlen, chercheur en biologie cellulaire et son équipe (CRCL, Inserm/CNRS/Centre Léon Bérard/Université Claude Bernard Lyon 1).
C'est en étudiant le phénomène d'apoptose, c'est-à-dire le processus par lequel les cellules s'autodétruisent quand elles deviennent anormales, que les chercheurs lyonnais ont réussi à en savoir un peu plus sur le développement des tumeurs colorectales.
Toutes les cellules du corps humain disposent de "sentinelles" à leur surface, dont le rôle est de scruter les modifications de l'environnement dans lequel elles évoluent. En temps normal, ces "sentinelles" se comportent comme des serrures qui reconnaissent une clé unique.
Quand il y a cancer, l'environnement change, les cellules se multiplient de façon anarchique et certaines hormones sont modifiées. Les sentinelles, à la surface des nouvelles cellules cancéreuses ne trouvent plus la clé unique et finissent par s'autodétruire. L'organisme humain développe régulièrement des cellules précancéreuses qui finissent par se suicider grâce à ce mécanisme. Mais parfois, le cancer est plus agressif et perdure.
Comme l'explique Patrick Mehlen, normalement, l'organisme est naturellement protégé du développement de cancers grâce à la présence du gène DCC, capable d'induire le mécanisme d'autodestruction des tumeurs. "Malheureusement, certaines cellules cancéreuses échappent à ce contrôle en bloquant ce mécanisme (…). On sait ainsi que le gène DCC est éteint dans la majorité des cancers chez l'homme".
Les chercheurs ont confirmé cette hypothèse en mettant au point un animal porteur d'une mutation sur le gène DCC. Les souris porteuses de cette mutation ont développé des cancers colorectaux.
A l'avenir ces travaux de recherche pourraient déboucher sur des thérapies ciblées pour réactiver la mort de cellules cancéreuses. Les chercheurs lyonnais ont d'ailleurs commencé à développer des candidats médicaments. On espère faire le premier essai sur l'homme d'ici 3 à 4 ans.
Les cancers colorectaux ne seraient pas les seuls éligibles à ce type de traitement. Il pourrait également s’appliquer aux cancers du sein et du poumon.
Pour ces travaux, l'équipe de Patrick Mahlen vient d’être déclaré lauréat du prix Liliane Bettencourt Schueller en sciences de la vie, qu'il recevra le 15 décembre 2011.
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