Un joli coup de pinceau réalisé par des handicapés mentaux

Malgré la sensibilisation du grand public au handicap mental, les patients restent en marge. L'association Personimages milite pour offrir des pauses artistiques et culturelles aux personnes souffrant de handicap mental. Une exposition met leur talent créatif à l'honneur, jusqu'au 24 mai 2014, à Paris.

La rédaction d'Allo Docteurs
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C'est un peu perdu au milieu de nombreuses toiles qui l'entourent que Damien découvre la sienne au fond de la salle. Il s'agit d'une bande blanche sur un fond rouge. "Regarde, elle est là. Tu as vu comme elle est belle", lui dit fièrement sa mère. Intimidé, il n'ose pas regarder son travail. Il balaie les autres dessins du regard jusqu'au moment où il aperçoit Jasmine, une jeune femme trisomique participant au même atelier d'arts plastiques que lui. Ravi, il se dirige vers elle et la prend dans ses bras. Rassuré, il contemple enfin son œuvre accroché au mur. Fier, il admet timidement : "c'est beau". Pour ce jeune homme souffrant d'un handicap mental, l'art plastique lui permet d'exprimer avec de la gouache les mots qu'il n'arrive pas à dire.

L'art accessible à tous

Chaque année, l'association Personimages – qui milite pour l'accès à l'art des handicapés - organise une exposition autour du thème de l'art et du handicap à la mairie du 14ème arrondissement de Paris du 19 au 24 mai 2014. Créée en 1976, l'association Personimages "est née de l'envie d'une mère qui voulait que sa fille handicapée mentale puisse accéder aux mêmes loisirs qu'elle", raconte Bénédicte de Maleprade, responsable des fonds culturels et expositions de l'association. "Cette année, j'ai proposé le thème art et collage aux ateliers d'arts plastiques", continue-t-elle. Et ce n'est pas moins d'une douzaine de personnes souffrant d'un handicap mental qui exposent leurs mosaïques et leurs toiles réalisées à partir du simple collage d'un bout de tissus ou de tickets de métro.

Les arts plastiques, une alternative aux médicaments

Convaincue par les effets bénéfiques des arts plastiques sur les troubles mentaux, l'association Personimages "veut proposer d'autres choses que des soins médicaux aux personnes souffrant de handicap mental". Dans un but thérapeutique ? "Pas du tout ! Nous ne faisons pas de l'art-thérapie", précise Bénédicte de Maleprade.

Les ateliers sont animés par des artistes accompagnés par des stagiaires et composés entre huit à dix participants. Ils durent deux heures. "Les participants sont sélectionnés selon leur degré d'handicap. Il est difficile d'intégrer les personnes souffrant d'un handicap mental sévère au sein d'un groupe. Nous sommes attentifs à une certaine homogénéité", explique Bénédicte de Maleprade.

Les handicapés mentaux, des artistes comme les autres ?

La visite de l'exposition continue lorsqu'un visiteur entre dans la salle ouverte sur le parvis de la mairie du 14ème arrondissement. "Ces tableaux ont largement leur place dans d'autres expositions accueillant des œuvres réalisées par des artistes professionnelles", raconte Léonard, sculpteur amateur, admiratif du travail réalisé par ces artistes souffrant d'un handicap mental.

Pourtant, le chemin pour que les personnes souffrant d'handicap mental accèdent à la culture en tant qu'acteur semble encore long. En France, il a fallu attendre la loi du 11 février 2005 pour reconnaître "l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées". La commission nationale culture et handicap devrait rendre son premier bilan lors de la conférence nationale du handicap qui devrait se tenir à l'automne 2014.

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