Une première expérience de télépathie réussie ? Vite dit…

● FAUX – L'article scientifique était passé inaperçu lors de sa publication, mi-août 2014. Pourtant, en ce début de septembre, de nombreux médias n'hésitent pas à considérer l'expérience qui y est décrite comme "la première expérience de télépathie réussie". A l'aide de dispositifs simplement posés sur le crâne des participants, des mots auraient été échangés à distance via Internet...

Florian Gouthière
Rédigé le , mis à jour le
A gauche, le dispositif d'émission (l'ordinateur indique visuellement le code à transmettre). A droite, le dispositif de réception. Crédits : PLOS one
A gauche, le dispositif d'émission (l'ordinateur indique visuellement le code à transmettre). A droite, le dispositif de réception. Crédits : PLOS one

Un homme, en Inde, a enfilé sur son crâne un casque à électrodes. Celui-ci est relié à un ordinateur, programmé pour analyser l'activité cérébrale du sujet dans les zones liées à la motricité. Selon que l'homme bouge la main ou le pied, le logiciel transmettra via le réseau Internet un bit différent (c'est-à-dire soit un "1", soit un "0").

En bougeant alternativement la main ou le pied, l'homme peut transmettre, selon un code analogue au code morse, un mot au réseau informatique...

A des milliers de kilomètres de là, en France, un second ordinateur reçoit les données. Celles-ci sont converties en impulsions magnétiques dans un casque posé sur le crâne d'un sujet "receveur". Ces impulsions magnétiques stimulent une zone de son cerveau, en produisant dans son cortex visuel la sensation de percevoir des phosphènes (c'est-à-dire des taches lumineuses dans ses yeux).

Ne reste plus alors au sujet qu'à traduire la séquence de taches perçues selon le code utilisé par le premier sujet, et le message initial est décodé !

Ici, on le voit, ce ne sont donc pas des pensées, des idées, des sensations, qui sont transmises par Internet, mais un message codé, qui doit être consciemment et laborieusement décodé par le récepteur. Au début de la chaîne, des mouvements doivent être réalisés pour produire le message, tandis qu'à l'autre extrémité, des sensations optiques sont provoquées. Pour audacieuse et originale qu'elle soit, l'expérience est donc bien loin d'une véritable "transmission de pensée" par Internet. Les communications directes cerveau-cerveau, sans passer par ces phases de cryptage/décryptage, ne sont pas pour demain...

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Comme les rappellent les auteurs de ces travaux, des expériences de communication en morse par modification de l'état cérébral ont été réalisées dès les années 1960. Des messages étaient ainsi codés par des sujets via un électroencéphalogramme, qui pouvait être lu par quiconque.