Calvitie : l'Agence du médicament alerte sur les risques liés au finastéride
Si vous envisagez de prendre un traitement médicamenteux contre la calvitie ou si vous l’avez déjà commencé, soyez attentifs à votre libido et à votre humeur. L’Agence Nationale du Médicament renforce l’information sur ces risques.
L'Agence Nationale de Sécurité du Médicament vient de créer un nouveau document d'information pour les patients concernant les effets indésirables du finastéride, un traitement contre la calvitie. Le point avec Alban Dhanani, directeur des médicaments en dermatologie pour l'ANSM.
Le finastéride lutte contre un dérivé hormonal
Alban Dhanani, ANSM : " Le finastéride est un médicament qui est chargé de traiter certaines formes de calvitie pour des hommes chez qui on va retrouver une concentration élevée d’un dérivé de la testostérone. Donc le but de ce médicament c’est de bloquer la formation de ce dérivé de la testostérone pour stimuler la pousse du cheveu. Car ce dérivé, en concentration trop importante, va empêcher la formation du cheveu et donc en diminuant cette concentration, le cheveu va repousser et on va lutter contre la calvitie."
Des risques sur la libido et l’humeur
Alban Dhanani, ANSM : " Le mécanisme d’action du médicament agit principalement au niveau du cuir chevelu. Mais c’est un traitement qui se prend par voie orale et il peut y avoir des effets indésirables au niveau de l’organisme. C’est un médicament qui agit sur le cycle hormonal, sur les androgènes, les hormones mâles, et donc il est possible que, même s’il est très spécifique et se concentre normalement dans le cuir chevelu, il est possible qu’il agisse sur d’autres parties du corps. C’est la raison pour laquelle on peut constater des troubles sexuels chez certains hommes qui ont pris ce traitement.
Sur la question des troubles de l’humeur, c’est beaucoup plus compliqué. Aujourd’hui, c’est toute la difficulté de ce dossier : la responsabilité de ce médicament n’est pas démontrée dans ces troubles. On a évoqué l’hypothèse selon laquelle le point de départ sont peut-être les troubles sexuels qui auraient ensuite emmenés à des troubles de l’humeur notamment chez une population plus jeune. Et donc ce sont des mécanismes sur lesquels nous poursuivons les investigations pour essayer de comprendre."
Evaluer le bénéfice/risque
Alban Dhanani, ANSM : " Le finastéride est un médicament sur prescription médicale et de longue durée si l’on commence ce traitement. Car dès qu’on arrête ce traitement, l’effet s’arrête. C’est pour ça que dans la nouvelle fiche d’information, on explique l’importance de s’accorder un délai de réflexion, de discuter avec son praticien avant de démarrer ce traitement puisqu’il faudra le prendre toute la vie si l’on veut stimuler la pousse du cheveu.
Ce document pourra ainsi être délivré par le pharmacien aux patients qui sont déjà traités ou à ceux qui vont être traités. Il va leur dire « voilà les signes d’alerte. Si vous les voyez, il faut agir, soit vous pouvez arrêter le traitement car cela ne pose pas de problème particulier, et vous voyez votre médecin. Mais de toute façon il faut consulter. » Car l’idée c’est vraiment d’attirer l’attention sur ces signes d’alerte. Et cela pourrait d’ailleurs permettre d’améliorer les déclarations d’effets indésirables qui sont aujourd’hui très rares."
Un traitement sous surveillance européenne
Alban Dhanani, ANSM : "Il est clair qu’aujourd’hui, on parle en terme de balance bénéfice/risque. Pour l’instant, elle est jugée positive par les autorités françaises et les autorités européennes puisque c’est un médicament que l’on retrouve partout en Europe et dans le reste du monde. Mais ce médicament est réévalué au niveau européen chaque année avec un suivi de ses effets indésirables au regard des problèmes rapportés.
Si il s’avère que la collecte des informations apporte des éléments en faveur d’un risque trop important, il faudra prendre les mesures qui s’imposent. Quite à envisager le retrait du produit si jamais cette balance devient négative."