Canicule : 3.300 décès supplémentaires constatés cet été en France
3.300 décès supplémentaires ont été enregistrés cet été en France pendant les trois périodes de canicule, selon un premier bilan de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS). Un chiffre largement inférieur aux 15.000 morts dénombrées lors de l'été 2003.
"Au total, il a été estimé un excès de 3.300 décès (+6,5%) sur la période des trois épisodes entre le 29 juin et le 9 août", indique l'InVS. La grande canicule de 2003, du 4 au 18 août 2015, s'était soldée sur un bilan nettement plus lourd avec 15.000 décès supplémentaires (soit 55% de plus par rapport à la moyenne des décès à cette période, hors canicule).
Un premier bilan à affiner
Néanmoins, il ne s'agit là que "d'un premier bilan. Les morts supplémentaires ne peuvent tous être imputés aux fortes chaleurs", souligne l'organisme public en charge de la surveillance et de l'étude de la population.
L'InVS explique en effet que son calcul s'appuie sur des données administratives dans lesquelles les causes des décès ne sont pas précisées et "qu'il n'est pas possible à ce jour d'évaluer précisément la part imputable aux grandes chaleurs dans les décès supplémentaires". D'ailleurs, toujours selon l'InVS, "certaines régions ont enregistré des excès de mortalité pendant ces trois épisodes alors qu'aucun de leurs départements n'avaient atteint les seuils d'alerte canicule".
Le système de soins très impacté
Au niveau du système de soins, l'InVS détaille "qu'un impact sanitaire important a été observé dans les régions touchées par les épisodes de canicule. Une augmentation des recours aux soins d'urgence pour les pathologies liées à la chaleur a été enregistrée", aussi bien dans les hôpitaux que par le réseau de SOS Médecins.
Trois périodes distinctes
Durant l'été 2015, la France a connu trois épisodes de canicule. Le premier, précoce, intense et étendu, a duré du 29 juin au 5 juillet 2015. Le deuxième, du 13 au 23 juillet 2015, s'est concentré sur le quart sud-est du pays. Un dernier assez court du 5 au 9 août 2015 a concerné un nombre plus réduit de départements dans l'Est.
Le premier épisode a été marqué par 2.000 décès "en excès" (10% de plus qu'à la même période pour une année sans canicule), par 3.748 passages aux Urgences et 1.456 consultations de SOS Médecins en relation avec la chaleur.
Le deuxième épisode s'est traduit par 2.461 passages aux Urgences, 710 consultations SOS Médecins et 600 décès "en excès" (+3%) tandis que le troisième épisode a été marqué par 752 passages aux Urgences, 181 consultations SOS Médecins et 630 décès supplémentaires (+6,3%).
La nécessité du plan canicule
Selon ce bilan, "ces épisodes confirment que la chaleur demeure un risque important pour la santé en France. Le déclenchement des actions recommandées par le Plan national canicule (PNC) est donc essentiel pour protéger la population et limiter l'impact sanitaire".
Instauré après la canicule de 2003, le plan canicule est activé à titre préventif chaque été en prévision de la survenue de grandes chaleurs. Il comporte quatre niveaux d'alerte, du niveau 1 de simple "veille" au niveau 4 de "mobilisation maximale". Son but est de protéger des effets des grandes chaleurs les plus vulnérables : personnes âgées, handicapés, malades, SDF et enfants.
Source : Bilan des épisodes de canicule survenus à l’été 2015. Point épidémiologique au 9 octobre 2015, InVS.
Les plus de 75 ans plus fortement touchés par la canicule
"Cette surmortalité touche pour près de 75% les plus de 75 ans, soit plus de 1.600 personnes", relève l'Association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA) dans un communiqué.
L'association constate cependant une "amélioration" par rapport à la canicule de l'été 2003, qui avait fait 15.000 morts, grâce aux "liens avec les services météo, plans d'alerte" et "interventions à tous les niveaux de l’État".
"Pour autant, la situation ne s'est que légèrement améliorée en établissement et elle s'est notablement dégradée à domicile, du fait de l'inertie des pouvoirs publics face à la crise majeure que vivent les acteurs de l'aide à domicile", regrette l'AD-PA.
L'association rappelle la "nécessité de renforcer la prévention, la lutte contre l'isolement, ainsi que l'accompagnement au quotidien des personnes âgées", tant dans les maisons de retraite qu'à domicile.
L'association déplore les "sous-effectifs" dans la profession. Elle préconise une "prévention primaire pour mieux anticiper les épisodes de crise", ce qui passe par la "création d'emplois, notamment pour les plus jeunes, afin de mieux accompagner les personnes âgées tout au long de l'année".