Accepter son corps, le défi de l'été ?
Pas assez de poitrine, des cuisses trop grosses, un ventre trop mou,... Nous sommes nombreux à ne pas aimer certaines parties de notre corps. Si certains oublient vite leurs imperfections, d'autres sont la proie de véritables complexe.. Comment les dépasser nos complexes et faire enfin la paix avec notre corps ? Réponses bienveillantes de Anne Marrez et Maggie Oda, psychologues psychothérapeutes.
Quelles sont les raisons et les conséquences de ne pas accepter son corps ?
Il existe trois grands types de raisons à la non-acceptation du corps :
- Biologiques : certaines personnes ont des prédispositions biologiques, qui les rendent plus vulnérables aux troubles psychologiques tels que les obsessions, la dysmorphie, des troubles alimentaires ou autres troubles anxio-dépressifs.
- Psychologiques : elles font appel à l'histoire de la personne, ses blessures, ses croyances sur la beauté, ses défauts réels ou ceux qu'elle amplifie, qu'elle a du mal à tolérer.
- Sociales, dépendant de l'entourage, des amis, des médias, de l'influence de la culture occidentale, valorisant la maigreur.
Quels sont les retentissements d'une mauvaise image de son corps ?
Une mauvaise image peut entraîner une baisse d'estime de soi, une anxiété dans les relations sociales, des difficultés dans les relations sexuelles, une dépression, des troubles du comportement alimentaire, ou encore un repli et un isolement.
Le culte de l'apparence, prôné par les médias...
L'insatisfaction corporelle est fort présente chez les femmes (95% des femmes n'aiment pas leur apparence) mais elle est en hausse chez les hommes. Les images issues des médias sont les éléments centraux de la culture de l'apparence. Ce sont des facteurs qui poussent à la formation de normes d'apparence. Nous recherchons un idéal qui n'existe pas : ce que l'on nous montre dans les médias est retouché, refait, pas naturel ni vrai !
Comment se réconcilier avec son corps ?
On conseille le plus souvent une méthode progressive et des exercices quotidiens, dans lesquels on s'observe et grâce auxquels on prend conscience de nos pensées, de nos comportements et de nos émotions. Et c'est en travaillant sur ces derniers, en les modifiant progressivement qu'on observe une diminution de l'inconfort et de la souffrance émotionnelle.
Il est très important d'être indulgent et doux avec soi-même, car la confrontation avec son corps peut être très douloureuse et il faut aller doucement, le travail se fait petit à petit, suivant quelques grandes lignes théoriques :
- S'observer
C'est le point de départ afin de comprendre comment l'image de son corps s'est mise en place, suivant l'histoire personnelle. La construction de l'image de son corps prend naissance à chaque étape de la vie (enfance, pré-adolescence, adolescence, âge adulte). Prendre conscience de tous les facteurs qui ont pu l'influencer en bien et en mal permet de comprendre aussi son propre regard (par exemple, nous avons pu entendre, venant de l'entourage, des critiques du genre : "ah tu es vraiment grosse"). Avec le temps nous avons intégré cette critique et estimons aujourd'hui que c'est notre pensée. Le réaliser permet donc de prendre de la distance, de remettre les choses à leur place.
Pour changer, il faut déjà prendre conscience du problème.
- Déterminer les conséquences négatives en lien avec l'insatisfaction corporelle
Il peut s'agir de tristesse, d'isolement, de refus d'invitations sociales,... Dans cette étape, on continue à faire le point sur son image corporelle, ses avantages et ses inconvénients. Cela sert de tremplin afin de nous motiver à instaurer certains changements, dans le but d'aller mieux.
- Pointer du doigt les croyances et raisonnements erronés sur son corps
Un raisonnement erroné, c'est par exemple faire la loupe sur un défaut physique et ne résumer son corps qu'à cela. Cela a forcément un impact sur le ressenti que l'on a de son corps. Autre croyance : "Si j'étais plus belle, ma vie serait plus réussie". Les gens croient souvent à 100% à leur raisonnement et plus on y croit, plus on y adhère, plus on a de risque d'avoir une insatisfaction corporelle et ses conséquences négatives.
Le but est d'en faire prendre conscience et de les mettre en doute.
Auriez-vous quelques exercices concrets à conseiller à nos internautes ?
Voici quelques exemples pour donner des idées pratiques, mais c'est à chacun de personnaliser ses conseils, en choisissant ceux qui vont les aider à progresser, petit à petit.
- Apprendre à respirer et à e détendre…
- Arrêter de fuir les invitations car on se sent mal dans notre peau, d'éviter la piscine ou la plage, manger un gâteau au restaurant (des choses que l'on aimerait faire mais que l'on ne fait pas du fait de nos croyances erronés), de se cacher derrière des vêtements amples par exemple, du maquillage, et de réparer son apparence (frotter au gant de crin exagérément la cellulite tant la vue de celle-ci insupporte, percer un bouton d'acné de façon compulsive, mettre trop de fond de teint ou pratiquer la chirurgie esthétique à l'excès).
- Prendre soin de soi, sans que cela soit une dictature : choisir les vêtements qui vont, se maquiller, bien se coiffer... se mettre en valeur sans que cela soit une dictature, tout en liberté et donc avec plaisir !
- Se lancer des challenges, comme par exemple de prendre une position où on voit les défauts, à porter un vêtement plus moulant, être photographiée en gros plan ou encore aller vers un homme attirant.
- Déterminer ses valeurs : essayer de voir ce qui est important pour soi dans la vie, pour choisir ses priorités et pour voir quelle place à réellement l'apparence physique dans nos valeurs : est-elle si importante que cela ? Et le but est de mener une vie en accord avec nos valeurs fondamentales (si on ne leur donne pas une place suffisamment importante, de la souffrance apparaît).
- Se réconcilier avec son corps : accepter les compliments, s'en faire à soi-même, prendre soin de soi, s'affirmer, se sourire et sourire aux autres, s'estimer,...
Quand consulter ?
Plusieurs situations l'imposent : quand l'intensité de la souffrance est très grande, qu'elle dure dans le temps, qu'elle s'impose à nous fréquemment, lorsque la souffrance nous limite et nous handicape dans la relation à soi et aux autres et qu'elle gâche nos potentialités, quand elle devient obsessionnelle et nous plonge dans des états de désespoir.
Il ne faut pas avoir honte de se faire aider, c'est une démarche positive et parfois, la lecture isolée du petit cahier que nous avons écrit peut être très douloureuse, auquel cas il est important d'aller consulter un spécialiste des thérapies comportementales et cognitives.
EN SAVOIR PLUS
Sur Allodocteurs.fr :
Livre :
- Petit cahier d'exercices d'acceptation de son corps
Anne Marrez et Maggie Oda
Ed. Jouvence, avril 2014