Psychologie positive : de la théorie à la pratique
La psychologie positive se focalise sur la mise en valeur des aspects positifs d'une personne pour augmenter son sentiment de bonheur et d'accomplissement. Mais peut-on vraiment avoir un impact sur notre sensation de bonheur ? Les explications avec le Dr Christophe Fauré, psychiatre et psychanalyste.
Une étude menée auprès vrais jumeaux (homozygotes) a montré que 50% de notre capacité au bonheur était génétiquement déterminée. Il s'agit d'une ligne de base vers laquelle on revient spontanément indépendamment des circonstances heureuses ou malheureuses que l'on rencontre. Seulement 10% de notre capacité au bonheur serait liée aux circonstances extérieures de notre vie : richesse ou pauvreté, marié/pas marié... Les 40% restants relèvent de notre intention personnelle, intentionnelle, délibérée. Cela signifie qu'indépendamment de notre génétique (qu'on ne peut pas changer) et de notre environnement, nous avons une réelle capacité d'action sur notre sentiment subjectif de bonheur et d'accomplissement. Ces 40% sont précisément le champ d'action de la psychologie positive.
Rester positif en toute circonstance
Une étude a été menée auprès de 4.000 personnes déprimées qui ont utilisé l'approche de la psychologie positive. Pour mettre en oeuvre la psychologie positive, il faut mener une série de quatre exercices au fil des semaines. Tout d'abord, l'être humain comportant 24 forces de caractère universelles, il faut identifier les cinq forces qui nous correspondent le plus. On demande alors aux personnes de mettre en œuvre de façon délibérée ces qualités dans le plus de secteurs possibles de leur vie (famille, travail, amis etc.).
Ensuite, on demande aux personnes de faire le repérage quotidien (pendant au moins trois semaines) de trois événements positifs survenus dans la journée (à noter dans un cahier le soir avant de s'endormir). Il peut s'agir de quelque chose d'important, d'agréable ou de plaisant. On leur demande également plusieurs fois dans la semaine, d'écrire dans leur cahier les choses pour lesquelles ils éprouvent de la gratitude en étant spécifique : j'éprouve de la gratitude pour la joie que m'a procuré mon enfant hier soir ; j'éprouve de la gratitude pour l'amitié d'un collègue de travail…
Enfin, il y a l'exercice de la "description la plus positive de soi". Pour cela, on demande aux personnes de faire, par écrit, une description la plus positive d'eux-mêmes et du mieux qu'elles pourraient être de leur vie, si tout allait bien pour eux (sans rien critiquer et sans "oui, mais").
Le résultat de cette étude montre que, sur les 4.000 participants, les interventions positives sont plus efficaces (que le groupe contrôle) pour réduire les symptômes dépressifs et améliorer le degré de bien-être. D'autres études confirment l'impact positif des méthodes de la psychologie positive qui sont en train de se décliner dans le monde de la santé (par exemple, dans une étude sur l'observance dans le diabète), dans l'entreprise, dans l'éducation, en psychothérapie… L'idée de base est de promouvoir les qualités plutôt que de vouloir améliorer les défauts. Et cela est efficace.
Un vaste champ d'action
La psychologie positive étudie des choses aussi hallucinantes que l'impact de la gentillesse : par exemple, le fait d'entreprendre une action bénéfique délibérée pour quelqu'un. On trouve également des méthodes pour accroître l'optimisme, en favorisant les projections positives dans l'avenir et en s'efforçant de réduire les projections négatives.
La psychologie positive fait également une part importante à la pratique de la méditation de pleine conscience (mindfulness) comme moyen de mieux comprendre et mieux gérer ses émotions et de développer un sentiment de stabilité intérieure (qui fait partie du sentiment subjectif de bonheur). Il existe également de nombreux autres outils.
La psychologie positive n'est pas un nouveau code moral qui dit de faire le bien. Il s'agit d'une discipline scientifique qui étudie comment nous pouvons être acteur de notre propre bonheur. Cela vaut le coup d'essayer.