Les dromadaires à l'origine de la transmission du coronavirus ?
Les dromadaires pourraient être impliqués dans la transmission à l'homme du nouveau coronavirus, à l'origine du Syndrome Respiratoire du Moyen-Orient (MERS), selon une étude publiée dans la revue médicale The Lancet, vendredi 9 août 2013.
Après avoir émis des suspicions sur les chauves-souris concernant l'origine du nouveau coronavirus, des chercheurs se sont ouverts à la possibilité d'une transmission du virus par le biais d'hôtes intermédiaires. Et pas des moindres, les dromadaires.
Pour vérifier cette hypothèse, une équipe de chercheurs internationaux dirigée par le Dr Chantal Reusken des Pays-Bas a étudié des échantillons de sang de 349 animaux, essentiellement des dromadaires, des vaches et des chèvres provenant de plusieurs pays, dont Oman, les Pays-Bas, l'Espagne ou le Chili.
Les chercheurs ont effectué des analyses sérologiques des 50 dromadaires originaires du sultanat d'Oman dans lesquels ils ont retrouvé des anticorps anti-coronavirus. Dans une moindre mesure, les analyses d'une centaine de dromadaires originaires des Iles Canaries, une région dans laquelle le nouveau coronavirus n'avait encore jamais été signalé, ont révélé les mêmes résultats.
Ce coronavirus est apparu l'an dernier au moyen-Orient, il a déjà infecté 94 personnes, dont 46 sont décédées, selon le dernier bilan fournit la semaine dernière par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le virus se manifeste par des problèmes respiratoires, une pneumonie et une insuffisance rénale rapide.
L'identité exacte du virus est incertaine
"La présence d'anticorps signifie que ces dromadaires ont été en contact avec le virus ou un virus très similaire", explique Marion Koopmans, une des chercheuses participant à l'étude. "Nous devons également trouver le virus avant de pouvoir dire avec certitude qu'il s'agit du même que celui qui infecte les humains", ajoute-t-elle.
Pour les chercheurs, la découverte des anticorps "suggère que les dromadaires pourraient être l'un des réservoirs du virus qui provoque la maladie chez les humains".
Les dromadaires sont populaires au Moyen-Orient où ils sont utilisés comme des animaux de course, mais également pour leur viande et leur lait.
Une piste pleine de doute
De nouvelles études seront nécessaires pour confirmer l'origine du virus, tant chez l'homme que chez l'animal, avertissent les chercheurs. Notamment pour découvrir si la transmission se fait par contact ou par ingestion de produits provenant des dromadaires infectés, comme le lait de chamelle, par exemple.
La transmission d'homme à homme du coronavirus MERS reste relativement faible. Elle touche principalement des personnes très fragilisées par des maladies chroniques ou immunodéprimées.
"Le plus grand mystère de l'épidémie de coronavirus MERS était de savoir comment des personnes pouvaient être infectées par un virus présent chez la sauve-souris et pourquoi au Moyen-Orient. En montrant que des dromadaires avaient été en contact avec le virus ou avec un virus proche, les chercheurs pourraient avoir contribué à répondre aux deux questions à la fois", comment le Dr Benjamin Neuman, de l'Université de Reading, au Royaume-Uni.
Source : "Middle East respiratory syndrome coronavirus neutralising serum antibodies in dromedary camels: a comparative serological study", The Lancet Infectious Diseases, Early Online Publication, 9 August 2013, doi:10.1016/S1473-3099(13)70164-6
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