Boire du kéfir, une bonne idée pour soigner l'anxiété et la dépression ?
Le kéfir, une boisson riche en probiotiques, pourrait avoir un intérêt pour améliorer la santé mentale, en abaissant notamment l’anxiété et la dépression. Qu'en est-il vraiment ? On fait le point.
Et si le kéfir, cette boisson issue de la fermentation de lait ou de fruits, avait des bienfaits sur notre santé mentale ?
L'idée vient du constat suivant : le kéfir est connu pour être riche en probiotiques, des bactéries ou des levures qui ont un effet bénéfique sur le microbiote, l'ensemble des micro-organismes contenus dans nos intestins. Et les chercheurs comprennent de mieux en mieux le rôle de ces probiotiques sur l’anxiété ou la dépression. Mais peut-être pas au point de recommander de se gaver de kéfir...
Microbiote perturbé et maladies chroniques
Le microbiote, aussi appelé flore intestinale, joue un rôle sur le plan neurologique, métabolique, digestif, immunitaire et serait même impliqué dans les troubles de l’humeur.
De plus en plus de travaux scientifiques montrent que les perturbations du microbiote sont nocives pour la santé. Par exemple, la prise répétée d’antibiotiques, qui entraine une diminution de certains micro-organismes, pourraient augmenter le risque de maladies chroniques (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires ou rénales, calculs urinaires) ou même faciliter la propagation d’un cancer.
Les probiotiques, un rôle sur notre humeur ?
Le microbiote, et plus particulièrement un manque en certaines bactéries, pourrait aussi jouer sur notre santé mentale.
En 2016, une étude montrait que les personnes souffrant de troubles de l’humeur majeures disposaient d’un nombre inférieur de bactéries appartenant à deux genres, les Bifidobacterium et les Lactobacillus, que les personnes non malades.
Des études plus récentes pointent son rôle sur la santé du cerveau, dont la santé mentale, et celui des "psychobiotiques", des probiotiques en relation avec le cerveau et les comportements.
Une méta-analyse de 2019 estimait ainsi que certaines bactéries psychiobiotiques, comme le Lactobaccilus PS128, diminuaient l’inflammation et le taux de cortisol, l'hormone du stress, et amélioraient les capacités anxiolytiques et antidépressives. Le Lactobacillus rhamnosus, lui, diminuait l’anxiété et la dépression.
Des résultats controversés
Ces résultats enthousiasmants ont été observés sur des modèles animaux, des souris. Des études sur des êtres humains ont ensuite été lancées, utilisant les probiotiques de yaourts ou des capsules contenant certains probiotiques.
Par exemple, un mélange de L. helveticus R0052 et B. longum R0175 amélioraient anxiété comme dépression chez des sujets sains. Forts des résultats précédents, certains articles n’hésitent pas à attribuer au kéfir des vertus contre l’anxiété et la dépression. Ils partent de ces trois constats : le manque de certains probiotiques met en péril la santé mentale ; compenser cette perte pourrait améliorer l’anxiété et la dépression ; le kéfir est riche en probiotiques et en particulier en Lactobacillus.
Mais à l’inverse, d’autres études ne parvenaient pas à retrouver d’amélioration ou de lien significatifs. Selon les travaux, le kéfir semble par exemple améliorer le sommeil et la qualité de vie mais pas la dépression chez les femmes ménopausées.
En résumé, le domaine des probiotiques et des aliments en apportant reste encore obscur. Avant de recommander de manger du kéfir pour soigner son anxiété ou sa dépression, d’autres études sont grandement nécessaires !
Sources
- Aizawa E. Possible association of Bifidobacterium and Lactobacillus in the gut microbiota of patients with major depressive disorder. J Affect Disord. 2016 Sep 15;202:254-7. doi: 10.1016/j.jad.2016.05.038
- Peluzio MDCG, Dias MME, Martinez JA, Milagro FI. Kefir and Intestinal Microbiota Modulation: Implications in Human Health. Front Nutr. 2021 Feb 22;8:638740. doi: 10.3389/fnut.2021.638740.
- Cepeda M, Katz E, Blacketer C. Microbiome-gut-brain axis: probiotics and their association with depression. J Neuropsychiatry Clin Neurosci. (2017) 29:39–44.
