Chirurgies de la main : immersion dans un centre SOS mains
Un couteau qui dérape, une porte qui claque… Près de 1,4 millions d’accidents de la main sont recensés chaque année en France. 67 centres spécialisés prennent en charge ces urgences répartis sur tout le territoire. Reportage au centre SOS mains de Trappes, en région parisienne.
Sous ce gros bandage, c'est une des urgences de la main les plus fréquentes… Mathis s’est coincé le doigt en claquant la porte de chez lui. Il n’y a pas de fracture, mais Mathis doit quand même être opéré pour éviter toute infection.
Matrice d'ongle abimée, traumatisée... Que faire ?
L’opération se déroule sous anesthésie locale. En quelques secondes, le chirurgien retire l’ongle pour examiner les tissus situés juste en dessous. La matrice est abîmée puisqu’il a un hématome, ce qui prouve la violence du choc initial.
Le chirurgien suture la plaie. Puis il remet en place l’ongle après l’avoir nettoyé. Il ne repoussera jamais, mais il servira de guide pour permettre à un nouvel ongle de repousser.
"On fixe l’ongle avec un fil qui sera retiré au bout de trois semaines. C’est une véritable protection pour la cicatrisation et pour le patient afin de lui éviter d’avoir mal", commente le Dr Romain Chassat, chirurgien de la main.
Il faudra compter entre trois et six mois pour que Mathis retrouve un ongle normal. Il n’aura aucune séquelle.
Une coupure peut cacher des dégâts importants
Au SOS mains de Trappes, les urgences s’enchaînent. Une patiente vient de se blesser en préparant ses tartines.
"J’ai pris le morceau de pain dans la main et ça a coupé vite et profond. La chose qui m’a alertée tout de suite, c’est que j’avais des fourmillements dans le doigt donc je me suis dit que c’était plus qu’une petite entaille", explique Cécile.
Elle a eu le bon réflexe : Cécile est envoyée directement au bloc opératoire. Même si sa coupure est à peine visible, elle peut cacher des dégâts importants."La taille de la plaie n’influence pas du tout notre décision chirurgicale, ni le saignement d’ailleurs, ce n'est pas un critère pour nous rassurer", précise le Dr Romain Chassat.
Pour faire le diagnostic, la seule solution est d’aller explorer l’intérieur de la main. Le nerf est minuscule et pour le réparer, le chirurgien doit utiliser un microscope.
Ici, le nerf est sectionné, l’objectif va être de le remettre en continuité. Le chirurgien pose trois points de suture et applique une colle biologique pour isoler le nerf et favoriser sa repousse.
L’opération aura duré moins de 15 minutes. Mais Cécile devra attendre entre 12 et 18 mois pour récupérer la sensibilité de son petit doigt.
Reconstruire un doigt sectionné
Pas de répit pour le Dr Chassat : à peine sorti du bloc, il doit prendre en charge un jeune ouvrier qui s’est amputé le bout du doigt sur un chantier. Il arrive ici avec l’espoir qu’on puisse lui réimplanter.
"Le doigt a parfaitement été conservé, vous voyez qu’il a été mis dans un emballage plastique, dans des compresses, pas directement dans la glace", commente le Dr Romain Chassat.
Le fragment arraché est en très bon état, mais ce qui pose problème, c’est sa taille, il est trop petit pour pouvoir être réimplanté. Le chirurgien va donc faire un lambeau, c’est-à-dire qu’il va le reconstruire artificiellement. Cette reconstruction se déroule sous anesthésie locale et sans aucune prothèse.
"Le but de la chirurgie est de couvrir l’os, sinon ça va nécroser. Pour ce faire, on va prendre toute la peau d’une partie du doigt, qu’on va transférer, comme une couette en fait, et on va l’avancer pour la remettre au bout du doigt", explique le Dr Romain Chassat. La zone sur laquelle est prélevée ce lambeau est parfaitement intacte, la peau va donc se régénérer. Le bout du doigt reconstruit redeviendra fonctionnel et sensible d’ici trois mois.
En moyenne, quatre patients amputés d’un doigt sont opérés chaque semaine dans ce centre d’urgence de la main spécialisé.