Comment éviter les erreurs médicales pendant une chirurgie ?
Pour éviter les erreurs pendant une chirurgie, il existe une série de mesures préventives. Toute l’équipe médicale est mise à contribution pour diminuer les risques. Reportage au bloc opératoire.
Vérifier l'identité, le nom, le prénom et la date de naissance est le début d’une longue liste de questions pour cette patiente qui va bénéficier d’une chirurgie du pancréas. Après l’infirmier, c’est au tour de l’anesthésiste de vérifier une dernière fois les informations recueillies lors de la consultation pré-opératoire.
"C’est très important de reposer les questions jusqu’au dernier moment. Je vais d’ailleurs lui en poser encore une ou deux. Ça permet de bien doser les médicaments par rapport à son poids et à sa taille", explique la Docteure Salima Naili, anesthésiste-réanimatrice à l'hôpital Paul-Brousse, à Villejuif.
À chaque produit son étiquette
L’anesthésiste peut maintenant endormir la patiente. Elle dispose pour cela d’une dizaine de produits, des liquides transparents pour la plupart qui pourraient facilement être confondus.
"Pour éviter les erreurs, tous les produits sont étiquetés, il y a le nom du produit et la concentration par millilitre du produit. Chaque produit à une couleur par exemple, le morphinique est bleu, le curare est rouge, les corticoïdes en blanc, tout est noté sur la seringue", précise la Dre Salima Naili.
Au même moment, à l’autre bout de la salle, l’infirmière instrumentiste est également concentrée. Elle a la lourde responsabilité de vérifier le matériel pendant toute la durée de l’intervention.
"On va faire le compte avant qu’on incise pour qu'il soit en adéquation entre le début de l’intervention et la fin de l’intervention, pour être sûr qu’on n’oublie pas de textile dans l’abdomen du malade", commente Maryse Faury, infirmière de bloc opératoire à l'hôpital Paul-Brousse.
Des compresses radio-détectables
Une fois imbibée de sang, une compresse est parfois difficile à distinguer dans la cavité abdominale. Alors en cas de doute, un petit détail permet d’éviter les erreurs."On a des compresses qui sont marquées avec un fil de baryum qui est radio opaque. S’il nous manque une compresse, on fera alors une radio qui va nous permettre de retrouver le matériel manquant", précise Maryse Faury.
Tout est en place. La chirurgienne hépatique et pancréatique, la Dre Gabriella Pittau, peut donc procéder à l’ultime vérification avant le début de l’intervention."Cette dernière check liste sert à vérifier encore une fois l’identité de la patiente, le type de pathologie, l’indication opératoire, le type d’intervention prévue, on vérifie que l’antibioprophylaxie a été faite, que l’installation est correcte et que tout le matériel est bien en salle," précise-t-elle.
Des caméras au plafond du bloc
La check-liste rendue obligatoire par la Haute Autorité de Santé depuis 2010, a permis de réduire de 30 % les complications post-opératoires. Mais à l’hôpital Paul-Brousse, l’équipe veut aller encore plus loin. Depuis quelques mois, des caméras expérimentales ont fait leur apparition sur le plafond de ce bloc opératoire.
"Là, on enregistre 3 zones, la zone des Ibod, du paramédical, le champ opératoire lui-même et ici le côté anesthésique. Dans ce métier, il y aura toujours des erreurs. L’objectif est vraiment d’essayer de comprendre si le fait de tout enregistrer, permet de pouvoir augmenter la sécurité des patients. Si à l’occasion d’une opération, il s’est passé quelque chose, l’idée est d’expliquer, de comprendre mieux ce qui s’est passé", confie le Pr Éric Vibert, chirurgien et créateur de la chaire innovation "bloc opératoire augmenté" à l'hôpital Paul-Brousse.
Il reste des freins avant de voir ces caméras déployées à une plus grande échelle, comme la protection des données médicales, le stockage des fichiers, mais aussi le consentement des équipes soignantes et des patients.