Covid : Faut-il s'attendre à de nouveaux variants en provenance de Chine ?
À l'heure où la Chine abandonne sa politique "zéro Covid" et fait face à une explosion du nombre de cas, l'Europe craint l'arrivée d'un nouveau variant. Le Dr Benjamin Davido, infectiologue, nous éclaire.
La Chine est passée du tout au tout. Jusqu'ici, le pays appliquait la politique du "zéro Covid". Tests de dépistage généralisés, confinements et quarantaines obligatoires dès la découverte du moindre cas... depuis trois ans, les mesures étaient draconiennes.
En novembre, le gouvernement a fait face à des manifestations de mécontentements massives de la part de la population. De plus, l'économie chinoise, la deuxième mondiale, a été affectée par cette politique restrictive. Le pays a fini par lever ces mesures, sans préavis, le 7 décembre.
La Chine face à une flambée épidémique
Depuis la levée des restrictions, les hôpitaux chinois sont submergés par une déferlante de malades. Le pays a aussi annoncé mettre fin aux quarantaines à l'arrivée en Chine à compter du 8 janvier 2023. Seul un test négatif de moins de 48 heures sera exigé.
Les Chinois auront également à nouveau la possibilité de voyager à l'étranger. Cette perspective inquiète en Europe, à l'heure où le pays compte une flambée des cas. En Chine, le sous-variant BF.7 est actuellement largement majoritaire.
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Un risque possible de mutation du virus
"L'épidémie, en Chine, est partie extrêmement rapidement", constate le Dr Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches. Au moins aussi rapidement qu'en France il y a un an avec le variant Omicron, "voire plus", selon le Dr. Pour l'heure, "on n'a pas les informations de séquençage du sous-variant BF.7", explique-t-il.
Vu la situation, "rien n'empêche qu'un nouveau variant arrive", estime Benjamin Davido. En effet, le scénario actuel rappelle celui de l'Inde en 2021. "Il y avait énormément de morts. Et lors de la forte circulation du virus, le variant Delta a émergé", rappelle le spécialiste. Dans les deux cas, il s'agit de pays extrêmement peuplés. Or plus la population est dense, plus le virus risque de muter.
Vers une pénurie de paracétamol ?
Pour autant, le Dr Davido ne croit pas à l'émergence d'un "super-variant" qui échapperait complètement à la protection fournie par les anticorps et la vaccination, nous ramenant à la situation initiale de 2020. En revanche, il lui semble très probable qu'un sous-variant vienne se greffer aux variants actuels. Or "un sous-variant de la famille d’Omicron suffit à redémarrer une vague".
Ce qui inquiète surtout l'infectiologue, c'est "le taux de positivité". "S'il y a beaucoup de formes bénignes, beaucoup de soins et de médicaments sont consommés". En ce moment, "c'est déjà tendu sur les médicaments". La situation risque donc de s'aggraver, voire de devenir critique, au niveau de l'approvisionnement des médicaments en provenance de Chine. D'autant plus que le paracétamol est le premier traitement utilisé dans les formes bénignes du Covid-19.
Se protéger grâce à la vaccination
Le Dr Benjamin Davido ne cesse de le répéter : "on ne peut pas se reposer sur la vaccination de 2021, c'est trop loin !". En effet, "après six mois, le corps n'a plus d'anticorps contre le virus". Il est donc nécessaire de faire une piqûre de rappel.
"Aujourd'hui, on est capables de suivre le virus et de le contrôler en évitant les formes graves, grâce au vaccin et au masque", rappelle-t-il. Or les gestes barrières ont été abandonnés, et la communication autour des vaccins est réduite. L'infectiologue tient à rappeler leur importance, avant une probable reprise épidémique en France.