Détatouage chimique : attention danger
Une nouvelle méthode de détatouage a fait son apparition dans les salons de beauté : une technique sans laser dont les publicités vantent le côté naturel, rapide et économique... mais pas sans risque.
Le bruit, le geste... tout ressemble à une séance de tatouage, mais il s’agit en réalité de détatouage chimique. C'est une alternative au laser qui séduit les jeunes avec des prix plus attractifs.
"Je m’étais renseignée pour faire enlever mon tatouage que je regrette. Avec le détatouage laser, on m’annonçait 180 euros la séance et il fallait pour un petit tatouage plus de 10 séances, ça me faisait peur parce que cela représente beaucoup d’argent", explique Anaëlle.
Pas de législation particulière
1 800 euros pour le laser alors qu’avec le détatouage chimique, Carole lui promet de faire disparaître cette erreur de jeunesse en seulement quatre séances pour un coût total de 400 euros.
Carole utilise un produit non-abrasif pour la peau à base d’acide lactique, ce qui permet d’extraire le pigment en profondeur. Cette technique consiste à écorcher la peau pour y faire pénétrer un produit chimique. Les pigments d’encre dissous remontent à la surface et une cicatrice se forme.
En France, cette méthode ne fait l’objet d’aucune législation particulière. Elle peut être pratiquée par n’importe qui après seulement quelques heures de formation par les industriels qui commercialisent ces produits.
Brûlure chimique
C'est une aberration pour de nombreux dermatologues."Ils sont censés gratter un peu la peau, mettre le produit et masser pour faire pénétrer, mais pour gratter avec un stylo, on arrive largement sous l’épiderme, il fait 0,3 mm donc vous imaginez..." explique le Dr Gérard Toubel, dermatologue.
"Si on reste sur l'épiderme, on n'aura pas de brûlure, mais le tatouage va rester. Si on va profondément, on risque d’enlever quelques particules de tatouage mais, là, il y a un risque cicatriciel. En fait, c’est une brûlure chimique", poursuit-il.
Des cicatrices indélébiles
Cette brûlure peut laisser des traces indélébiles. Justine avait pourtant respecté toutes les consignes après ses séances de détatouage à l’acide lactique.
"Je préférais largement avoir mes tatouages qu'avoir ces cicatrices. Ça va faire un an et demi et j'ai toujours des démangeaisons quand il y a de fortes chaleurs. Ça me pique, ça me démange, ce n'est pas vivable. Pour moi, c’est de la mutilation, ce sont des cicatrices qui resteront à jamais sur moi", conclue Justine.
Il est impossible d’estimer le nombre de personnes qui vivent aujourd’hui avec de tels stigmates. Dans un avis récent, le Haut Conseil de la santé publique préconise d’interdire toute utilisation de produits chimiques pour retirer un tatouage.