Deuil périnatal, cette mort dont on ne parle pas
Le 15 octobre, la journée internationale du deuil périnatal accorde un espace de parole à tous ceux qui souffrent de cette épreuve encore taboue. Chaque année, environ 8.000 familles sont concernées par un deuil périnatal.
Si officiellement, l'OMS définit la mort périnatale par le décès d'un fœtus survenant entre 22 semaines d'aménorrhée et le septième jour de vie, les associations regroupent dans le deuil périnatal les fausses-couches, les grossesses extra-utérines, les morts in utero ou encore les interruptions volontaires ou médicales de grossesses.
En France, on estime que 20 % des grossesses n'arrivent pas à terme. La DRESS estime à 10,2 pour 1 000 le nombre d'enfants nés sans vie (fausse couche) ou décédés au cours des 7 premiers jours.
Une mort taboue
De nombreuses associations, comme la fédération Naître et vivre, la SPAMA ou l'association AGAPA, accompagnent les personnes confrontées à ce deuil si particulier, qui se solde souvent par l'incompréhension de l'entourage et une banalisation de la perte.
Des associations fondées par des parents endeuillés proposent également différentes formes de soutien. Elles ont d'ailleurs contribué à faire évolué la loi, qui fait désormais une place à l'enfant décédé. Il peut ainsi être inscrit dans le livret de famille (si le décès a eu lieu après 14 semaines d'aménorrhée). Cette reconnaissance juridique peut être une étape importante dans le processus de deuil des parents.
Briser le silence
"L'injustice de ce qui arrive ne doit pas se doubler par le silence ! alerte Chloé sur le site d'Agapa, après avoir vécu une interruption involontaire de grossesse. "J’ai observé dans ma propre expérience que j’ai cruellement manqué d’une écoute adaptée à ce que je vivais, ce qui amène à se sentir isolée, incomprise, très seule".
"Cet enfant n'existe pas aux yeux de la
société mais bien aux yeux de ses parents", explicite Anne Nouailhetas,
psychologue spécialisée en périnatalité et accompagnante bénévole pour
l'association AGAPA. "S'ils ne peuvent
pas en parler, c'est comme si leur enfant n'avait pas existé. Le tabou
est extrêmement violent."
D'où
l'importance de moments spécifiques pour faire exister l'être perdu. "Quand la parole pourra se faire, il faudra oser en parler car seule l'expression de la douleur pourra tout doucement vous soigner, confirme Aurélien Buraud, confronté à un deuil périnatal et auteur de la page Facebook Parlons Ange. Cette parole peut passer par les mots, par les arts, par le sport… L’essentiel est de trouver un espace, un réceptacle pour sa peine de manière à ne pas la garder en soi."
De la parole à la résilience
"Pendant
toutes ces étapes si importantes, mon accompagnante a été ma lumière", témoigne Elsa qui a perdu ses triplés après de multiples tentatives de fécondation in vitro. "Même si ce
cheminement n’est en rien facile, il a été le moteur de ma réconciliation avec
la vie."
Plusieurs associations proposent un accompagnement individuel et des groupes de parole. "Faire une place à l'enfant perdu, ce n'est qu'à ce prix que l'on peut retrouver la capacité d'aller de l'avant à nouveau.", conclut Anne Nouailhetas.