En réanimation, l'état du cerveau se lit... dans les pupilles
Un nouvel appareil mesure la taille et la réactivité des pupilles. Il permet d’évaluer rapidement l’état neurologique des patients sous anesthésie ou en réanimation. Reportage à l'hôpital de la Timone, à Marseille, qui utilise ce pupillomètre.
Ce nouveau dispositif tient désormais une place essentielle dans l’évaluation neurologique des patients de réanimation. Le pupillomètre mesure très précisément, en quelques secondes, la taille de la pupille et surtout son évolution face à un flash lumineux.
Un signal d’alerte sur l’état du cerveau
"Cet appareil nous permet d'avoir une mesure très précise de la réactivité de la pupille" explique Angélique Merk Jarry, infirmière de soins à l'hôpital de la Timone à Marseille. "Il y a de nombreuses années, on faisait ça juste à la vue. On utilisait une petite lumière. On s'est aperçu que parfois on voyait des pupilles réactives alors qu'elles n'étaient pas du tout réactives. Avec ces appareils, il n’y a pas de doute", poursuit-elle.
Pour ce patient, la mesure est rassurante. L’enjeu est crucial, car l’absence de réaction de la pupille est un signal d’alerte majeur sur l’état du cerveau de ces patients arrivés en réanimation après un grave traumatisme ou un accident vasculaire cérébral (AVC).
"Dans les neuro-réanimations où les patients ont une agression cérébrale, le cerveau peut gonfler. Ça va retentir sur une partie du nerf oculomoteur, qui va jouer sur la pupille" explique le Pr Lionel Velly, chef du service anesthésie-réanimation à l'hôpital de la Timone. "Dès qu'il y a une modification de la pupille, il faut le détecter très vite. Ces appareils automatiques permettent de gagner du temps sur la détection de cette aggravation pour aller plus vite vers l'imagerie, voire un traitement chirurgical par la suite".
Contrôler une hémorragie, identifier un oedème...
Une opération peut s’imposer pour contrôler une hémorragie locale par exemple. Le pupillomètre est capable de l’identifier à travers une différence, même millimétrique entre les deux yeux.
"Ça va nous permettre de déceler s'il y a une majoration d'un oedème d'un côté du cerveau ou pas, de savoir s'il y a un problème d'un côté ou des deux côtés du cerveau", explique Claire Regnier, infirmière de soins à l'hôpital de la Timone.
Le pupillomètre déjà présent dans 400 hôpitaux
Si cet outil répond aussi bien aux besoins de cette équipe de réanimation, c’est qu’elle a participé à son élaboration depuis plus de dix ans. Cette collaboration a été facilitée par la proximité : c’est aussi à Marseille, à quelques kilomètres de l’hôpital de la Timone, que le pupillomètre a vu le jour et est aujourd’hui fabriqué par la société IDMED.
Le seul appareil concurrent est américain et le modèle marseillais réussit quand même à trouver sa place aux Etats-Unis. En tout, près de 400 hôpitaux l’ont déjà adopté, en France et dans le reste du monde.