Un implant cardiaque pour sauver les bébés prématurés
Le coeur des prématurés souffre parfois d'une « persistance du canal artériel », un défaut de développement du foetus qui complique la respiration du nouveau-né. Un implant miniaturisé a fait son apparition pour en faciliter la prise en charge.
En France, chaque année, on compte en moyenne 60 000 naissances prématurées. C'est-à-dire avant 37 semaines, soit 8 mois et demi de grossesse. Plus la naissance intervient tôt, moins les organes sont matures. Le nouveau-né peut notamment souffrir d’un canal artériel persistant. Le passage entre l’aorte et l’artère pulmonaire ne s’est pas refermé, le sang afflue alors dans les poumons et gène la respiration. Pour favoriser la fermeture de ce canal artériel, une toute nouvelle technique a été développée pour permettre au cœur et aux poumons de fonctionner normalement.
Une intervention sans cicatrice
Le médecin fait une toute petite incision le bébé au niveau de l’aine pour insérer une aiguille dans la veine fémorale. Le geste est extrêmement délicat car les vaisseaux mesurent deux millimètres de diamètre. En se repérant grâce à l’échographie, le médecin introduit l‘implant dans un cathéter par la veine de la jambe jusqu'aux vaisseaux du cœur. Une fois bien positionné, il est déployé pour atteindre la taille d'un petit pois et scelle ainsi le canal artériel. La circulation sanguine entre l’aorte et l’artère pulmonaire se déroule alors normalement. Le sang n’inonde plus les poumons et le bébé respire plus facilement.
Moins de médicament anti-douleurs
« Le corps va créer une peau qui va recouvrir le dispositif et donc il va faire partie intégrante des structures cardiaques de l’enfant et l’enfant va grandir autour de ce dispositif et va le garder à vie » explique la cardiopédiatre Malekzadeh-Milani Guiti. Ne laissant pratiquement aucune cicatrice, cette technique est une alternative à la chirurgie classique.
« L’intérêt de cette procédure moins invasive, c’est de pouvoir réduire la durée et les doses nécessaires de médicaments pour la prise en charge de la douleur, les antalgiques et les sédatifs», précise la pédiatre néonatologue Juliana Patkai. « On sait que ces médicaments peuvent aussi avoir des effets sur le développement du nouveau-né prématuré donc il y a un réel avantage à pouvoir réduire ces médications.»
Une surveillance postopératoire est nécessaire les premiers mois car cette technique reste encore nouvelle et il est nécessaire de vérifier qu’il n’y a pas de problèmes secondaires. Un registre national permet de suivre l’évolution des enfants équipés avec l’implant pour en évaluer l’efficacité et affiner ses indications. En France, près de 300 bébés l’ont reçu depuis septembre 2019.