France : l'allaitement au compte-goutte
Selon les chiffres parus dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l'Institut de Veille Sanitaire (InVS), du 18 septembre 2012, 69 % des mères allaitent leur bébé à la naissance, mais après un mois, elles ne sont plus que 54 %. Si on ne prend en compte que les mères qui allaitent de manière exclusive, sans jamais recourir aux laits infantiles, la proportion tombe à 35 %.
Comment expliquer les réticences des jeunes mamans face à l’allaitement ?
Reportage d'Hejer Tliha et Claire Ricard - 18 septembre 2012
Alors que le taux d'allaitement maternel en maternité atteignait à peine 37 % en 1972 et 53 % en 1998, il s'élève désormais à 69 % (60 % de manière exclusive et 9 % en association avec des formules lactées), selon l'étude Epifane, destinée à mieux connaître les pratiques alimentaires des nourrissons.
Effectuée entre janvier et avril 2012, dans 136 maternités françaises tirées au sort, elle a concerné quelque 3 500 nouveaux-nés (à l'exclusion des grands prématurés), dont l'alimentation sera suivie jusqu'à l'âge d'un an, par le biais de questionnaires soumis à leurs mères.
Les premières réponses ont permis de montrer que le nombre de bébés nourris au sein baisse rapidement dès la fin de la première semaine pour atteindre 54 % au bout d'un mois, dont seulement 35 % de manière exclusive.
Que ce soit à la maternité ou à un mois, les taux d'allaitement maternel augmentent avec l'âge de la mère (71 % pour les plus de 30 ans contre 63 % pour les moins de 24 ans), avec le fait pour la mère d'être née à l'étranger (92 % contre 66 % pour celles nées en France), d'être mariée (73 % contre 65 %), d'avoir un niveau d'études supérieur au baccalauréat (74 % contre 62 % pour les autres).
Parmi les autres facteurs favorisant l'allaitement maternel figurent le fait de ne pas avoir fumé pendant sa grossesse, celui d'avoir suivi des cours de préparation à l'accouchement, le fait d'avoir été en contact direct peau à peau avec son enfant juste après l'accouchement et surtout d'avoir un conjoint ayant une perception positive face à l'allaitement au sein (72 % contre 28 % pour les femmes non soutenues par leur conjoint).
Pour Christine Coursaget, sage-femme et formateur Co-naître, les jeunes mères sont trop souvent livrées à elles-mêmes, selon elle "physiologiquement, l'allaitement nécessite trois semaines/un mois pour se mettre reéllement en place, ce premier mois est donc primordial, à la maternité avec le soutien proposé dans la plupart des établissements, mais aussi à la sortie de la maternité avec les associations de mères, sages-femmes, puéricultrices, PMI, etc."
L'allaitement, ça ne coule pas de source... Mieux vaut être accompagnée.
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