Faut-il récompenser un enfant qui fait preuve de bienveillance ?

Les enfants ont un comportement naturel d'aide dès les premiers mois de vie. Doit-on ou non renforcer ce comportement par des récompenses ?

La rédaction d'Allo Docteurs
La rédaction d'Allo Docteurs
Rédigé le
Image : ©Fotolia - Vidéo : chronique de Sylvie Chokron, neuropsychologue
Image : ©Fotolia - Vidéo : chronique de Sylvie Chokron, neuropsychologue

Les enfants vont naturellement aider une personne en difficulté même s'ils sont en train de jouer, s'ils sont occupés à autre chose ou même s'ils doivent surmonter des obstacles.

Faites tomber un objet accidentellement sur le sol, et essayez de l'attraper sans y réussir... Un enfant âgé de seulement 14 à 18 mois le ramassera pour vous et vous le tendra, naturellement, sans que vous lui ayez demandé. Bien que ce comportement soit également observable chez les chimpanzés, il est toutefois moins robuste que chez le jeune enfant, qui semble donc posséder dès son plus jeune âge une aptitude à être bon.

Doit-on récompenser un enfant qui propose son aide ?

On peut se demander si le comportement d'aide des enfants est favorisé et/ou encouragé par le comportement des parents et surtout par le fait d'attendre une récompense. Mais ce n'est pas le cas, au contraire. Dans une étude réalisée auprès de jeunes enfants et de chimpanzés, les auteurs montrent que la promesse d'une récompense matérielle (un jouet, de la nourriture) n'augmente en aucun cas la tendance à aider chez les enfants et les animaux. Le comportement d'aide n'est donc pas lié directement à l'attente d'une récompense à venir.

Proposer une récompense à un enfant qui a fait preuve de bienveillance est une erreur. Par ailleurs, chez des enfants de 20 mois, la proposition d'une récompense semble réduire le comportement d'aide naturelle de l'enfant. Plusieurs études laissent ainsi penser que moins les enfants sont récompensés matériellement, plus ils valorisent un comportement pro-social, ce qui donne à réfléchir en terme d'éducation !

S'il est important de valoriser moralement les comportements d'aide et de partage, en donnant aussi l'exemple, il est inutile voire risqué de proposer une récompense matérielle chez les enfants jeunes qui ne comprennent pas pourquoi ce comportement naturel d'aide devrait être récompensé.

Existe-t-il des pathologies de l'empathie ?

Certaines personnes ont du mal à faire preuve d'empathie et il est difficile de savoir quelle est l'origine de cette difficulté. On a d'abord pensé que ces personnes avaient des troubles sur le plan de l'interaction sociale, de la relation, mais on sait maintenant que pour développer de bonnes capacités d'empathie, il faut également bien percevoir le monde extérieur, analyser l'ensemble des situations auxquelles nous faisons face en permanence, percevoir et comprendre les émotions des personnes qui nous sont proches, pour les imiter et les partager.

Certaines pathologies de l'empathie pourraient donc être liées à des difficultés précoces de perception, d'analyse et de compréhension des émotions, du fait d'un trouble visuel par exemple. Des troubles de la perception visuelle peuvent en effet passer inaperçus chez l'enfant car ils sont dus à des lésions cérébrales et non ophtalmologiques. Ils empêchent l'enfant de bien percevoir le monde extérieur, et en particulier les émotions faciales. Ce trouble de la perception peut conduire à une mauvaise compréhension des situations et à une difficulté à répondre de façon adaptée aux situations.

Devant un enfant qui n'a pas un comportement social adapté, il faut donc en priorité vérifier tous les aspects sensoriels. En particulier s'il est né dans un contexte à risque comme la prématurité ou une détresse respiratoire. Il est primordial de contrôler de manière précise la vision et l'audition, y compris au niveau cérébral, avant de faire un diagnostic de trouble de l'interaction sociale.