Grossesse et médicaments : respectez les doses prescrites !
Dans les années 1970, des milliers d'enfants sont nés avec de graves malformations parce que leur mère avait pris un médicament pendant la grossesse : le Thalidomide. La prudence est depuis décuplée à chaque prescription d'un traitement à une femme enceinte.
De la mère à l'embryon
Au cours d'une grossesse, si une mère prend des médicaments, ces substances se retrouvent dans la circulation sanguine et arrivent jusqu'au placenta. Ce réseau vasculaire n'est pas toujours une barrière protectrice, c'est avant tout une zone d'échange entre la mère et le foetus. Les substances médicamenteuses peuvent donc le traverser et parvenir au futur bébé par l'intermédiaire du cordon ombilical, une traversée dont la conséquence sera différente, en fonction de la période de développement.
Une première période dite embryonnaire correspond aux trois premiers mois de grossesse. Ce premier trimestre est une période très sensible au cours de laquelle l'ébauche de tous les organes, système nerveux, organes des sens, coeur, poumon, tube digestif, est mis en place selon un calendrier précis, on parle d'organogénèse. Si au cours de cette période, l'embryon est exposé à des médicaments, cela risque de provoquer des malformations du développement, on parle d'effet tératogène. Le risque d'atteinte est plus important entre le treizième et le cinquante-sixième jour après la conception.
Après ce premier trimestre, une deuxième période sensible survient, c'est la période foetale : l'embryon se transforme en foetus et tous ses organes acquièrent progressivement une maturité fonctionnelle jusqu'à la naissance. Si l'exposition médicamenteuse survient au cours de cette période, cela risque de provoquer des effets dits foetotoxiques, qui se traduisent pas une atteinte de la croissance, ou une mauvaise maturation des organes.
D'autres effets peuvent survenir après la naissance, si la mère a dû prendre un traitement en fin de grossesse ou pendant l'accouchement.
A la naissance, le nouveau-né doit éliminer le médicament présent dans son organisme alors que les capacités de son foie et de ses reins pour détoxifier et éliminer ces substances de son organisme sont encore faibles. Du coup la plupart des molécules reste plus longtemps dans le corps d'un nouveau-né que dans celui d'un adulte, ce qui risque de provoquer des effets néfastes pour le bébé.
CRAT : Centre de Référence sur les Agents Tératogènes
Il y a deux grandes problématiques autour des traitements pendant la grossesse : l'exposition des premières semaines quand on ne sait pas encore que l'on est enceinte, et la question des éventuels effets de traitements indispensables pour la mère.
Ostéopathie : lutter contre les douleurs sans médicaments
Puisque la moindre notice de médicament est inquiétante pour les femmes enceintes, la recherche de solutions alternatives est assez naturelle. L'ostéopathie peut permettre de soulager certaines douleurs mais attention, surtout, à consulter sur recommandation médicale pour rester en toute sécurité.
Grossesse et antidépresseurs ne sont pas incompatibles
La dépression périnatale est méconnue, pourtant elle concerne de nombreuses femmes. Considérées comme des grossesses à risque, ces femmes ont besoin d'une prise en charge adaptée. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, la prise d'antidépresseurs n'est pas contre-indiquée.
Et lorsque les patientes ne souhaitent pas prendre d'antidépresseurs, une hospitalisation dans une structure spécialisée dans les relations mère-enfant peut être proposée : "Il arrive que certaines patientes ne soient pas prêtes à prendre un traitement antidépresseur. Notre rôle à ce moment-là est de pouvoir les accompagner dans d'autres alternatives pour leur permettre d'accéder à un mieux-être, même si ce n'est pas par la voie des traitements antidépresseurs", explique le Dr Catherine Agbokou, psychiatre.
À la place des antidépresseurs, les patientes peuvent aussi prendre des compléments alimentaires qui agissent sur la sérotonine. Un neurotransmetteur qui joue sur le moral et le stress : "Il y a tout intérêt à ce que le niveau de stress soit moindre : un intérêt pour la femme pour avoir un meilleur vécu, un intérêt obstétrical puisque stress et dépression sont connus pour être des facteurs de prématurité ou de retard de croissance, même s'il s'agit de retards de croissance modérés", note le Dr Agbokou.
15% des femmes enceintes souffrent de dépression. Les antidépresseurs et un suivi psychologique sont alors nécessaires.
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Les réponses avec le Dr Michael Grynberg, gynécologue-obstétricien à l'hôpital Antoine-Béclère
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