Simone Veil, une vie de combats

Décédée vendredi 30 juin 2017 à l'âge de 89 ans, Simone Veil fut une combattante inlassable pour la mémoire de l'holocauste d'une part et le droit des femmes d'autre part. Portrait d'une femme d'exception.

La rédaction d'Allo Docteurs
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"La combattante", "Ce que la France lui doit"… Les journaux français et internationaux rendent depuis trois jours hommage à Simone Veil. Un hommage unanime pour une grande dame qui a changé la vie des femmes en 1974 : "On n'imagine pas à quel point le droit à l'avortement a changé la situation des femmes", explique le Dr Emmanuelle Piet, présidente de l'association Viols femmes et informations.

Une révolution portée par la première femme ministre de plein exercice de la Cinquième République. Ministre de la Santé, Simone Veil défendait le droit à l'avortement au nom des risques générés par la clandestinité. Elle avait raconté l'origine de ce combat au Magazine de la santé lors d'une interview en 2007 : "J'avais reçu des courriers de jeunes infirmières qui étaient religieuses dans certains établissements, et elles me disaient qu'elles avaient été amenées dans certaines situations à procéder à des avortements devant des situations catastrophiques", confiait-elle à l'époque.

Après son discours du 26 novembre 1974 à la tribune de l'Assemblée nationale, Simone Veil a fait front pendant trois jours pour obtenir le vote de sa loi. Trois jours pour éviter 300.000 avortements clandestins annuels. Car en 1974, les décrets d'application de la loi autorisant la contraception en 1967 venaient à peine d'entrer en vigueur. Dans les faits, très peu de femmes pouvaient maîtriser leur fertilité : "On doit une fière chandelle à Simone Veil. Car c'était quelque chose auquel les hommes, et notamment les hommes de pouvoir, étaient très opposés. Quand on entend la teneur des débats, des insultes de ces hommes pour lesquels on votait, c'était vraiment un pouvoir qu'on leur prenait", se souvient le Dr Emmanuelle Piet.

Un pouvoir que les députés ont essayé de préserver en atténuant la liberté accordée aux femmes de décider seules de leur avortement : "Je tenais beaucoup à ce que ce soit la femme elle-même qui décide, et qui décide seule, car certains voulaient que le compagnon, le mari donne son autorisation. Et cela me paraissait totalement impossible" insistait Simone Veil.

Mais si la ministre a résisté, elle a aussi sans doute décroché la majorité grâce à une autre innovation : sa loi était à l'essai et devait être réexaminée cinq ans plus tard...