Un "check-up" fertilité pour toutes les femmes de 33 ans ?
Les femmes de 33 ans doivent-elles pouvoir tester leur fertilité ? C’est la proposition faite par le Pr René Frydman, gynécologue et père d’Amandine, le premier bébé-éprouvette français, dans son nouveau livre, intitulé le "Droit de choisir". Si les gynécologues approuvent l'idée de mieux informer les patientes, ils sont plus réservés sur les tests de fertilité.
Réaliser un "check-up" fertilité comme on est invité à effectuer un frottis. La Sécurité sociale se chargerait d'envoyer un courrier à toutes les femmes de 33 ans pour leur proposer de rencontrer leur gynécologue. Selon le Pr René Frydman, gynécologue spécialiste de la reproduction, les patientes sont mal informées de l’impact de l’âge sur la fertilité : "On voit beaucoup de femmes qui arrivent à la quarantaine et qui nous disent 'mais docteur, on ne m'a pas dit et puis, j'ai vu les journaux, j'ai vu que telle actrice est enceinte alors pourquoi pas moi'. Je pense que ce serait bien qu'il y ait une prévention qui soit faite, à partir d'un certain âge, autour de 33 ans, chez la femme, au moins pour l'informer que la fertilité baisse avec l'âge et qu'elle peut faire un test si elle le souhaite sur sa capacité d'ovulation".
À 40 ans, une femme n'a plus que 6% de chances par cycle de tomber enceinte, contre 25% à 25 ans. D'où l'importance d'informer davantage les femmes, et ce, le plus tôt possible.
Le test préconisé par le Pr René Frydman consiste en une prise de sang et une échographie pour évaluer la réserve ovarienne.
Ces examens sont fréquemment prescrits pour détecter une éventuelle infertilité. Mais, pour le Pr Mickaël Grynberg, gynécologue, ils ne sont pas fiables : "Aujourd'hui, on n'a pas de marqueur de fertilité. Aucun. Donc en proposant des marqueurs dits de la réserve ovarienne, on ne sera pas capable de dire à une femme si elle est fertile ou pas, donc le problème ne sera pas résolu. À 33 ans, même si on a des marqueurs qui sont altérés, beaucoup de femmes seront fertiles". Pour lui, l’âge reste le premier critère de fertilité.
Autre critique : l’âge. Pour le Dr Joëlle Belaisch-Allart, gynécologue, "la première chute de la fertilité s'amorce à 35 ans et s'accentue à 37 ans. Si on parle aux femmes de 33 ans, ça va les braquer pour rien. Elles le vivent comme une intrusion dans leur vie privée. Parler de la chute de la fertilité avec l'âge c'est très important, mais dire faites des consultations, des dosages, des échographies, je ne suis pas sûre que ce soit la bonne solution".