Handicap mental : comment accompagner les jeunes dans leur sexualité ?
La sexualité reste encore un sujet tabou dans de nombreuses structures qui accueillent des personnes porteuses d’un handicap mental. Un établissement fait figure d’exception à Montigny-les-Metz. L’institut médico-éducatif met à disposition un "espace d’intimité" pour les jeunes désireux d’avoir une vie sexuelle.
Dans cet institut pour jeunes atteints de déficience intellectuelle, les histoires d’amour peuvent se vivre au grand jour. Entre Rose et Jordan, l’idylle a débuté il y a 9 mois.
Rose a 15 ans et Jordan 17 ans. Ces deux amoureux se disent prêts à avoir des relations sexuelles. Dans cet établissement où ils vivent toute l’année, c’est autorisé, mais encadré. L’infirmière et la psychologue vont s’assurer qu’ils sont prêts à partager un moment d’intimité dans un espace du centre mis à leur disposition.
Exprimer son consentement
Cela commence par un entretien avec Jordan. Pour que tout se passe bien, il faut partager la même envie et le même vocabulaire. Ensuite, c’est au tour de Rose de passer l’entretien. Devant la jeune-fille, plusieurs images lui sont montrées pour s’assurer qu’elle soit capable d’exprimer son consentement.
"C’est important de s’appuyer sur des pictogrammes parce qu’on travaille avec des jeunes qui ont des déficiences intellectuelles. Ça peut être compliqué pour eux au niveau de la compréhension, là, on sait de quoi on parle et en plus, on a fait des sourires ou des grimaces pour leur apprendre à repérer le consentement ou pas", explique Thi-Hang Guittard, infirmière, DAME la Horgne.
Après délibération, le couple peut accéder à l’espace intimité, une pièce à l’écart de l’agitation du centre et des autres jeunes avec un espace salon et un coin pour se mettre plus à l’aise. Dans cet espace de liberté, tout est prévu pour accueillir les amoureux pendant une heure, mais quelques règles subsistent.
Respect des droits sexuels de tou·te·s
Enfin seuls, les deux adolescents peuvent s’aimer comme ils l’entendent. Ce dispositif unique en France est le fruit d’un travail de plusieurs années pour convaincre les parents et les autorités de santé, mais, pour l’équipe éducative, c’était une évidence.
"Il nous importait de respecter le droit à la vie intime, affective et sexuelle, qui est un droit reconnu par l’OMS. Nos jeunes sont d'abord citoyens avant d'être en situation de handicap, ils ont le droit à ce qu'on leur garantisse ce droit comme les autres, comme tout citoyen", confie Stéphane Rognon, directeur DAME, la Horgne.
D’autres établissements voudraient s’inspirer de ce modèle mais les résistances sont encore nombreuses.