IST, dengue, Covid... Ces épidémies qui risquent d'exploser pendant les JO 2024
Le brassage des populations qui aura lieu à Paris cet été pendant les JO 2024 pourrait avoir des conséquences sanitaires. Certaines épidémies seraient particulièrement redoutées. Explications.
Afflux exceptionnel de personnes, mêlant athlètes, délégations et des millions de spectateurs et spectatrices... les JO 2024 sont la promesse d’une grande fête.
C’est à Paris que la plupart vont se retrouver, dans des sites olympiques impressionnants, au pied de la Tour Eiffel, sur la place de la Concorde ou encore le long des quais de Seine pour la cérémonie d’ouverture.
Pour ces premiers JO avec du public depuis l’épidémie du Covid, les autorités françaises ont évalué les différents risques pour la population : intoxication alimentaire, mouvement de foule ou encore cyberattaque, de nombreux scénarios ont été anticipés. Mais les risques sanitaires sont également à prendre en compte.
Vers un "boom" des IST
"Les Jeux Olympiques ne sont pas seulement du sport, de l'encadrement des sportifs et les 15 millions de spectateurs. C'est aussi une troisième, une quatrième mi-temps, et on le sait, une augmentation des rapports sexuels, parfois non consentis, non protégés" alerte tout d'abord le Professeur Gilles Pialoux, infectiologue à l'hôpital Tenon, à Paris.
"On arrive à un moment où les chiffres européens sont en augmentation de toutes les IST et il n'y a pas de raison que cette population, qui va être brassée du monde entier, ne soit pas dans ce flux d'augmentation des IST. Je ne suis pas sûr qu'il y ait les moyens en face, qu'ils soient assurés", poursuit-il.
Au village olympique,
200 000 préservatifs masculins et 20 000 préservatifs féminins seront distribués. Des dépliants et des affiches de prévention sont également prévus, tout comme des plans de dépistage du VIH.
Moustique tigre, dengue, canicule...
L'autre risque sanitaire pointé par l'infectiologue sont les maladies transmises par les moustiques, notamment le moustique tigre.
"On va recevoir des populations qui vont venir de zones d'endémie avec la présence de l’Aedes albopictus, quasiment dans presque tous les départements, 71, dont les départements qui accueilleront les Jeux olympiques. Il y a là, une possibilité effectivement d'augmentation significative de ces maladies, notamment de la dengue", poursuit le Pr Gilles Pialoux.
À cela, pourrait s’ajouter des scénarios imprévisibles, à l’image de l’épidémie du Covid ou de la variole du singe et des conditions difficiles, comme une canicule.
Des renforts dans 80 services hospitaliers
Pour faire face à tous ces scénarios et à un afflux massif de patients, les hôpitaux de Paris prévoient un renfort d’effectifs pour environ 80 services, soit 800 équivalents temps plein, ainsi qu’une prime pour le personnel soignant présent durant cet été. Trois hôpitaux parisiens sont déjà désignés pour accueillir spécifiquement les athlètes, les délégations et les médias, mais les syndicats craignent la surchauffe.
"La préparation de ces JO ne doit surtout pas occulter que la situation est déjà catastrophique dans notre pays en termes de prise en charge des patients et des conditions de travail des personnels" s'inquiète Mireille Stivala, secrétaire générale CGT Santé Action Sociale. "Les JO se surajoutent à cette situation et à ce contexte. Donc, effectivement, nous sommes inquiets, d'autant plus que nous avons le sentiment que nous sommes à quelques mois et qu'il aurait fallu déjà, en amont, anticiper cette période, ce qui n'a pas été le cas", commente-t-elle enfin.