Migraine : un nouveau traitement prometteur en attente de remboursement
L’accès à trois nouvelles molécules contre les migraines résistantes aux traitements classiques est freiné par les négociations sur leur prix entre l’Etat et les laboratoires pharmaceutiques.
Des migraines extrêmement intenses, accompagnées des vomissements, ont marqué la quasi-totalité de la vie de Valérie. « J’avais l’impression d’être là mais j’avais tellement mal à la tête que j’étais à l’extérieur de mon corps en fait, raconte-t-elle. C’était comme si mon cerveau essayait de sortir de ma tête. »
Des récepteurs bloqués
Les sensations de Valérie traduisent bien l’origine des migraines : la dilatation des vaisseaux sanguins qui irriguent le cerveau. C’est justement à ce processus que s’attaque une toute nouvelle catégorie de traitements.
« Ce sont des nouvelles molécules, des anticorps, dirigés contre un récepteur qui intervient dans la douleur et la dilatation des artères qu’on constate dans les migraines, explique le Dr Véronique Marcaud, neurologue au Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph. En bloquant le récepteur, on arrive à stopper le mal de tête de la migraine. »
Un traitement de la dernière chance...
Avec une injection mensuelle, ce traitement de fond a fait entièrement disparaître les migraines de Valérie depuis bientôt un an. « Je ne sais plus ce que c’est que d’avoir mal à la tête. Mes amis se rendent compte que je ne suis plus à dire « je ne suis pas bien. »
Et Valérie n’est pas la seule à constater un tel changement. « Il s'agit vraiment d'un traitement de dernière ligne pour les migraines très sévères qui échappent à tous les autres traitements », raconte le Dr Marcaud. Et donc effectivement, j’ai certains patients qui avaient 12,15 crises de migraines par mois et dont la vie était un enfer qui ont complètement ressuscité. »
... dont le prix freine le remboursement
Mais le traitement de Valérie, comme deux autres anticorps créés depuis par d’autres laboratoires pharmaceutiques, sont bloqués à une étape méconnue du grand public. Ils ont bien obtenu une Autorisation de Mise sur le Marché au niveau européen.
Mais c’est ensuite aux autorités françaises de décider s’ils méritent d’être remboursés par la Sécurité Sociale et si oui, à quel prix. Cette évaluation est commencée par la Haute Autorité de Santé. Or, devant la faiblesse des données fournies par les laboratoires, elle a considéré que ces traitements méritaient d'être remboursés mais n'étaient pas supérieurs à ceux qui existent déjà.
Cette appréciation mitigée complique la négociation entre le ministère et les laboratoires qui demandent des prix élevés pour ces anticorps dont la production est complexe… Certains de nos voisins européens ont accordé un tarif de 500 euros par mois de traitement.